La nuit tombait. En marchant vers sa voiture, il tira son cellulaire de sa poche et l’éteignit sans même y jeter un œil. Un coup de nausée l’obligea à s’appuyer contre la portière avant de l’ouvrir. Il allait remonter sur l’autoroute quand il comprit qu’il lui fallait filer une vraie nuit de sommeil. Il resta sur la route secondaire et s’arrêta au premier motel. Sous le néon clignotant, un écriteau en bois présentait une inscription manuelle garnie de fioritures mais élégante quand même. Les mille et une nuits. Il attrapa son sac de voyage et se dirigea vers l’accueil.
La pièce était minuscule et une forte odeur de renfermé imprégnait l’air. Un homme d’une trentaine d’années sortit sans se presser de derrière un rideau et lui tendit une fiche et un crayon en silence. Il la compléta rapidement et présenta sa carte de crédit. L’homme la saisit et lui fit signe de le suivre.
En longeant la cour, il distingua une ancienne chapelle à moitié démolie attenante au bâtiment principal. Plus loin, sous les rayons d’un petit lampadaire, il eut le temps d’apercevoir un potager qui regorgeait de grosses tomates prêtes à être cueillies. L’odeur suave qui lui monta au nez le réconcilia avec l’aspect un peu sinistre de l’endroit. Si vous avez envie d’une tomate, faut pas vous gêner, il y en a pour les fins et les fous, lui dit l’homme tout en lui indiquant la porte à ouvrir. Et sans attendre de réponse, l’homme rebroussa chemin. Frappé par le calme et la lenteur de sa démarche, il se dit alors que ce qu’il avait pris pour de l’ennui ou de l’aigreur n’était peut-être finalement que le reflet d’une vie vécue sans se soucier des codes d’usage. Quand l’homme eut tourné le coin, il ouvrit la porte. Une lampe était déjà allumée à côté du lit. Il fut rassuré par le propret de la chambre. Il déposa son sac, se déshabilla complètement et se glissa dans les couvertures. Il étira le bras pour éteindre la lampe. Il se sentait étrangement en paix, plus qu’il ne l’avait été depuis très longtemps.
Beau texte. Merci Caroline.
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on s’écrivait presque à la même seconde toi et moi… chacune à notre bout du monde… merci, Sylvie…
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I can almost see my portrait there, my routine-ritual after traveling so many kilometers by bus in hotels for traders, smugglers and lovers. The dry conversation with the owner, the act to be naked as a way to abandon the weight of the tiredness. Although at the same time I notice it’s different, something in his mind as a colored spectacle turning the motel into something a bit sinister, and the night in something a bit oppressive. Thanks Caroline, I like as well that tree in your photograph that is almost barely a shadow.
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Thank you for your words, Francis. It came to my mind that you might find an echo of that sort…
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Un moment où tout se pose et on se retrouve. Ça fait chaud au coeur. Belle journée Caroline
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Merci Dominique. Et bon juillet, où que tu ailles.
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Apaisant, par un matin calme. Merci bien, Caroline !
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Merci, Gilles. Et bonne suite de dimanche.
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paix à mon dimanche, merci et aussi pour les tomates
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… ce sont de bonnes tomates, Anick, c’est juré… ;o)
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J’aime ces histoires laissées en suspension.
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Je suis touchée que vous les aimiez.
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Entre le texte et l’image, on vit l’histoire, on veut la suite de la vie de cet homme. Qui est-il, où va-t-il, prendra t-il une tomate??
Et d’un coup, au dernier mot, le temps rentre en suspension. C’est à la fois frustrant et magique… j’adore!
A très vite =)
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mmm… puisque tu en parles… peut-être arrivait-il de quelque obscur bistrot… clin d’oeil… et peut-être s’en va-t-il quelque part d’aussi obscur… ou pas… mmm…
quoi qu’il en soit, merci pour tes mots, Sharlen, qui me font encore une fois très plaisir… et à très vite… peut-être… =)
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C’est doux, reposant. J’aurais bien croqué dans une des tomates.
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… et moi, je t’en aurais offert une… merci ‘vy.…
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