L’écho d’un privilège

ma ville est une forêt
ma vie aussi
j’y marche
dans l’une comme dans l’autre
une manière de promenade
dans les rues de mon âme
amoureuse que je suis
de l’errance
et de l’insondable cadence
du temps et des choses
chaque jour sans prière autre
que celle que j’entends
dans le souffle du vent

PHOTO : ELLE QUI MARCHE – Hier, dans mon quartier

10 réponses à L’écho d’un privilège

  1. Ma ville est une forêt souterraine,
    ou c’est tout comme.
    Je marche dans des rues étroites
    qui n’en finissent pas.
    Il y a des arbres en béton
    qui portent plein d’étages.
    Les gens vont et viennent
    avec des parapluies,
    un peu comme des champignons,
    qui se pressent dans l’ombre.
    Il y a des escaliers qui montent ,
    d’autres qui descendent.
    Ils n’arrivent pas à se décider .
    Des feux de couleur à chaque carrefour,
    pour faire joli aux croisements.
    La lumière zigzague entre les façades,
    et finit par être bue par les trottoirs.
    Les enseignes clignotent dans les flaques,
    on n’ose pas y poser le pied,
    de peur de briser leur reflet.
    De la vapeur flotte , indifférente:
    un rideau horizontal qui attend l’annonce à la radio
     » après dissipation des brumes matinales ».
    Il y a aussi des petits tramways rouges
    dont on peut deviner le parcours,
    aux rails parallèles, et avec plein de voyageurs
    serrés contre les autres comme s’ils se connaissaient
    ( ce qui est peut-être le cas ),
    et qui se découpent en silhouette
    dans les vitres grises.
    Tout un bourdonnement,
    mais qui n’a rien de celui d’une ruche,
    donne la réplique au vent.
    On n’y fait pas attention;
    tout le monde parait bien trop pressé
    d’aller travailler, pour s’en retourner le soir
    avec des cernes sous les yeux.
    Il faut établir un plan pour boucler la journée,
    avoir fait quelques courses,
    sans rien oublier pour bientôt retourner
    dans son appartement.
    On a garé la voiture, non sans difficulté,
    ou arpenté quelques rues
    depuis la dernière station du métro.
    Il faut que je pense pour demain
    à cirer mes chaussures:
    La ville est une forêt souterraine
    ou tout comme.
    Il n’y a pas de racines
    ou du moins on ne les voit pas,
    mais il faut faire attention où on met les pieds.
    Ce n’est pas vraiment la question de l’obscurité,
    mais tout le monde doit arpenter
    les grandes rues qui n’en finissent pas,
    pour aller travailler.
    On ne ne pose même pas la question,
    on ne lève pas le nez.
    Il y a seulement les touristes
    pour regarder tout çà
    d’un oeil étonné.
    On se demande même comment
    j’ai pu écrire tout ça.
    Peut-être que je l’ai rêvé.


    RC

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