Amour organique

Les mots me fuient depuis trois jours. Drôle, c’est depuis que t’es parti. D’habitude, j’me vis bien sans toi, mais là, un peu moins on dirait. Bref, tout à l’heure, je cherchais sans trouver, en regardant dehors. De l’autre côté de l’allée, un homme étendait sur la corde, soutien-gorge et pantalon, sans se presser. J’y ai vu la douceur du monde. Et la lenteur aussi.

Tout ça pour te dire que j’ai mis de côté mes pages et entrepris de réchapper la vieille table qu’on a ramassée dans la ruelle l’an dernier. Je la trouve trop belle pour la jeter, malgré les pluies qu’on a laissé faire. J’ai sablé pour enlever les petites poches qui s’étaient formées, et là je lui mets des couleurs avec un vieux pinceau. J’essaie d’imiter quelque dieu, ou les gestes de Nathalie, pour donner l’impression de lichens d’arbre ou de pierre. Avec un peu d’imagination, j’y vois déjà des semblances d’usnée. Et de parmélie par endroits.

J’espère que tu vas l’aimer.

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Photo : BOUT DE TABLE – Juin 2016, Montréal

Publié par Caroline D

Poésie et photographie (Montréal, Québec)

12 réponses à Amour organique

  7. walachniewicz

    Du simple bonheur de décaper, peindre, coudre, bricoler quand le reste se refuse, apprentissage d’enfance, satisfaction d’adulte.
    Jolie table Caroline. Moi j’y vois un tête d’homme aux oreilles décollées, la lippe boudeuse puis un oeil bleu et puis un vert…

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  9. domicano

    Rien de tel que de peindre, nettoyer , rafistoler, plonger dans la matière et lui donner le meilleur de soi; la pensée se calme, et les usnées, mes parmélies, c’est quoi donc?

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    • Caroline D – Auteur

      … deux espèces de lichens… ces merveilleux végétaux formés de l’association d’un champignon et d’une algue… qui poussent sur les arbres, les pierres ou les sols pauvres… merveilleux, non?
      oui, et comme tu le dis, rien de tel que plonger dans la matière… moi aussi, ça me repose…

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