Le coeur d’un hiver

mon âme errante
revient toujours
elle émerge quelque part
entre deux matins
juste là, je l’ai vue
à travers la lumière orange
dans une mêlure de neige sale
et de soleil

il a plu cette nuit
et y a la glace qui fond
c’était moins vingt hier midi
quand même

j’m’en viens te trimballer mon âme
dans les eaux du coeur d’un hiver
j’ai fait réparer mes bottines
on est parées pour des rivières

Photo : LA VIE EN ROSE OU À PEU PRÈS – Février 2017, rue St-Viateur

8 réponses à Le coeur d’un hiver

  1. 'vy

    Paris, hier, une dame âgée (93 ans) venait de perdre l’équilibre et s’était accrochée à moi. Je lui ai demandé si elle allait bien ? Elle s’est accrochée plus fort et nous avons marché vers le jardin du Luxembourg. « Mon jardin » m’a-t-elle dit, « vous pourriez me demander la permission d’y entrer ». Ce que j’ai fait, bien poliment, et nous en avons ri. Elle trottinait bien avec une certaine souplesse. Elle continuait à plaisanter, aimait que je comprenne ses plaisanteries, m’a parlé de Beethoven, nous avons chantonné ses sonates, elle, l’Appassionata, moi, la Clair de lune. Nous avons beaucoup ri. Elle était bien dans ce moment et moi aussi. Puis elle a choisi une chaise verte devant le Sénat, pour s’asseoir et me laisser partir. Elle a retiré ses gants et m’a touché les mains. Vous avez les mains froides, lui ai-je dit. « oui, mais j’ai le coeur chaud » a-t-elle ajouté avec un petit sourire coquin et de l’espièglerie dans le regard. Moi aussi. Alors elle a demandé, « Puis-je vous embrasser ? » Bien sûr, elle m’a serrée très fort contre son coeur. Je penserai à vous le jour de notre anniversaire, lui ai-je promis avant de la quitter (puisque nous sommes nées un même jour à quelques années d’écart). Cette petite bonne femme au tempérament bien trempé, le sourire facile, entêtée, elle me faisait penser à Louise Bourgeois. Si je vieillis qu’il me serait bon d’être aussi vive de corps et d’esprit. Il est des rencontres qu’on n’oublie jamais, parce qu’elle nous ajoute une petite place chaude dans notre coeur. Et la vie, alors chante, mais qu’est-ce qu’elle chante !!!

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    • c’est fou, moi qui voulais justement écrire que ce poème je l’entendais en chanson, oui, belle caroline, je t’entendais le chanter en le lisant…que la vie chante et chante encore pour vous deux, et une belle et tendre journée…sourire

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      • Caroline D – Auteur

        Alors oui, chantons. À Paris, Montréal, Bruxelles, partout. Chantons la vie.
        Et merci ‘vy pour ce bout de vie. J’y étais. Avec toi et la dame, dans le jardin. Dans toute la douceur de l’instant. En te lisant, j’ai pensé entre autres à mon amie Cécile, et ses 90 ans. Cécile qui ne peut plus trottiner du tout à cause du Parkinson, mais qui a ce caractère bien trempé comme tu dis. Et qui se réjouit que je comprenne ses blagues et ses doubles sens.
        Et puis je me suis souvenue d’y avoir été, dans ce jardin. Et de m’être assise sur une des chaises, là, devant le Sénat il me semble.
        Et puis tes mots me sont d’autant plus doux et fous quand je pense qu’avant-hier, en rentrant chez moi, je chantonnais les mots, ceux-là oui, ceux de Delanoe que Fugain chantait si bien. Sans trop savoir comment cette chanson m’était venue en tête. Seulement qu’elle me faisait du bien. Et me semblait plus belle que jamais.
        Alors, chantons oui. Pour ces rencontres entre autres, celles qu’on n’oublie jamais. Qui font une place chaude.

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