Bodistique

juste les prendre au passage
qui roulent dans ma tête
comme des cailloux dans l’eau

une feuille, un vent
et le ciel presque blanc

et les oiseaux, comme d’habitude

je me demande
tous ces fils électriques

et toi, l’arbre
t’en penses quoi ?

on croit savoir
et la nuit change tout

pour vrai je n’ai rien

que le temps

quelques coeurs pas loin

que le chaos tout seul
a mis sur mon chemin

et des mots en rivière

pour y couler le mien


Photo : BEAU DISTIQUE * Juillet 2021 – Laurentides

La sueur et la pluie

je te parle à peine du bleu
et de la sueur qui me manque
de mon été à dos de mots
et de mon beau cheval boiteux

dans le lilas presque mort
il vient de plus en plus d’oiseaux
tout ça est fort
plus fort que moi

et il finira par pleuvoir

entre les odeurs installées
et ce qui a séché
l’eau viendra laver l’ascendant
et la peau de l’érable

Photo : UN CHEMIN SUR LE JOUR * Août 2021 – Montréal

Nénuphar ou poème

Il me semble que le temps ne fait pas la différence entre le vent du sud et le vent du nord. Toujours, dans les ronces et les roses, un parfum monte comme un bouquet d’enfance. Quelque chose qui tremble, ou embrasse un froissement d’eau. Un nénuphar ou un poème, pour le plaisir d’en être.

Tu dirais que c’est mon délire. Mais mon âme. Tu y verrais une mendiante, des faux-semblants. Mais mon âme. Rien n’est tout noir ni tout blanc. Parfait ou imparfait. Une absence des autres, un refrain retenu. Mais mon âme. Mais mon âme. Les violons qui te font pleurer. Ton doute trop grand pour une seule aube. Mais mon âme. Et la fille et son chien. J’ai l’impression qu’elle me ressemble.

Ce temps où les enfants y étaient. Et leurs sourires à boire. De te dire le sauvage, les broussailles du coeur devant le sablier. Si la poésie n’est qu’espoir, comment bercer le reste. Le précieux qui s’y cache aussi, comme en bord de rivière.

Le temps aura passé, sans sable ni sommeil. Le quai où accoster pour un instant ou pour toujours. Quand la mémoire me manque, quand je veux oublier.

Allez, lance le ballon, qu’elle dit, aussi fort que tu peux.

Photo : LE JOUR PLURIEL * Hier – Montréal 2021

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