Le désir et la neige

libres
dans le sens de l’arbre et la nuit

de toute manière le monde
est flou
et fou

je nous rêve
libres

Il neige des flocons de neige et un homme marche vers sa voiture avec sans doute sa femme et sa fille. Ils se sourient un peu. Je sais que leur vie n’est pas la mienne. Et pourtant nous sommes tous liés, et ça me semble clair.

Je n’ai pas choisi grand-chose, si même quelque chose dans ma vie. J’aurais pu être eux, et eux moi. Je trouve aussi irrationnel de s’attribuer un mérite que de s’appesantir d’un blâme. 

Mais c’est surtout qu’aux flatteries et lamentations, je préfère le désir et la neige.

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DE L’AUTRE CÔTÉ DE LA RUE IL Y A QUELQUES INSTANTS

Le fou d’envol

d’où je suis, je vois les îles tendres
où les coeurs boivent à la source des songes

je vois l’oiseau aussi
le libre le beau
le fou d’envol qui sait l’espoir

berce-nous
que nos peaux et nos âmes se souviennent

Photo : ARBRES, NEIGE, CIEL, FEMME – Il y a deux jours, sur le mont Royal 

C’est vrai, Louise

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jours de serrements
la gratitude s’use
sur le tissu des jours présents
et de notre impotence

comment le dire sans la nommer
la pale en anagramme
la ville faille
miroir ultime de nos laideurs

ils ne peuvent qu’être morts déjà, des morts-vivants
ceux qui dans leur délire assassinent les tendres
leurs ailes nécrosées
leurs âmes gangrénées

la gorge, le coeur
fureur et paralysie
si seulement les mots
tels des bombes larguées sur les barbaries
et des baumes
versés sur les blessures

˜

Photo : Décembre 2016, Montréal

Dans le chuchotement de l’aube

elle était si belle la neige d’hier
que j’y suis allée user mes hanches
sur les trottoirs glissants

et là que l’aurore se glisse sur la belle blanche
après la une un peu glauque du journal
et quelques rêves flous qui tendaient du côté sombre
je pense à nos amours et à nos prétentions
à nos bontés en eaux claires et nos crimes en eaux sales
nos murmures en surface et nos cris enfouis tout au fond

tout ce noir et ce blanc
pour y trouver entre les deux
du ciel et du vent
et le parfum des jours

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LA PETITE INCLINAISON – 12 décembre 2016 * Montréal

Au bord du jour

dans l’anonymat des grands vents
et la musique du chaos
dans tous nos feux à corps noués
et ces espaces, même troués
des illusions perdues
dans tout ça, partout
j’entends encore chanter le rêve

comme là, au bout de la nuit
quand verse l’astre blanc sur l’île sombre
même sans dessein ni promesse
car le matin dévore tout
pour l’infiltrée qui s’est éprise

c’est qu’elle se tend, la nuit
s’enroule sans fin, la nuit
plus mystérieuse qu’on ne le sait
elle ressurgit, la nuit
comme le jour
sans besoin de raison

le monde se suffit à lui-même
le reste n’est qu’un morceau de rêve

˜

Photo : PORTE BLEUE- Rue St-Jean, à Québec – Décembre 2016

Les états sensibles

refaire tant que je peux
en attendant de voir si la folie l’emporte
quand on sème dans la mémoire sensible

si je te reconnais, je meurs
et mes cellules dansent
se déploient dans la perte plus fort que dans l’avoir
redessinant le vide pour mieux danser encore

carolinedufourdefisa

À LA CROISÉE DES ÂMES – Avant-hier, près de chez moi

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