et la lumière qui change
et la douceur du temps
tout ça
comme un amour de passage
un amour par chance
auquel je n’échapperai pas
∼
Photo : BEAU PARADOXE – Dans mon quartier, hier après-midi
et la lumière qui change
et la douceur du temps
tout ça
comme un amour de passage
un amour par chance
auquel je n’échapperai pas
∼
Photo : BEAU PARADOXE – Dans mon quartier, hier après-midi
La rue est à moitié neige, à moitié pluie. Les choses passent, chacune à leur manière. Le ciel est blanc, les arbres nus, et mon cœur penche vers la saison qui vient. Comme vers un amant trop longtemps parti.
Et les mots qui s’y mettent et m’échappent eux aussi. C’est normal, que je me dis. Ils aiment pas qu’on les mette en laisse les mots. Pas ceux qui me font rêver.
Je les aime sauvages, les mots. J’aime penser qu’ils ne se laissent pas caresser par n’importe qui. Qu’il faut les apprivoiser. Qu’ils sont furtifs et suspicieux. J’aime les savoir libres et bohèmes, les mots. Capables d’autant d’amour que d’humeur, d’autant de vent que de mer.
Je cours un peu ces jours-ci. Après eux comme après moi, sans doute. C’est la fin de l’hiver. Et puis Gaby, qui en arrache. Et d’autres gens que j’aime.
Mais quelle que soit la raison de leur fuite, que ce soit moi ou l’instant du monde, je continue de les aimer. Et de les vouloir libres et sauvages.
ENTRE NEIGE ET PLUIE – 27 mars 2017, Montréal
C’était hier, au bistro du coin. Simone m’écoutait attentivement. Quand j’ai eu fini de lui exposer ce qui me tracassait, elle a pris une gorgée de café et m’a servi son sourire à mille piastres. « On tire pas sur les fleurs, ma chérie. La matière, qu’elle soit humaine ou pas, prend le chemin et le temps qu’elle prend. Et là, tu m’excuseras, mais je dois partir. »
Elle s’est levée, m’a embrassée et s’est rendue au comptoir pour payer. En repassant à côté de moi, elle s’est penchée à mon oreille : « J’ai longtemps soupesé le monde. Pis un jour, j’étais sûrement rendue là, j’ai arrêté de le faire. »
Je l’ai regardée s’éloigner. Simone boite depuis quelques semaines. « Une simple articulation qui s’emballe », qu’elle m’a dit. Mais elle n’en sourit pas moins. Si ça se trouve, c’est le contraire.
Crée Simone. Le moins que je puisse dire, c’est que tu m’inspires.
ANGÈLE AU SOLEIL – Mars 2017, Montréal
J’ai marché jusqu’à mon poissonnier, l’âme remplie de neige. Je suis arrivée là les cheveux couverts de blanc. Avec des traces de mascara sous les yeux.
J’en avais fini avec lui, j’avais plus rien à lui donner, du moins c’est ce que je pensais. Mais hier, il m’a sorti le grand jeu. Un baiser magistral, pour pas que je l’oublie. J’étais bien dans ses bras, mieux que depuis des mois. Il a tout fait comme il faut. Une lourdeur moite et résolue, dans un souffle grisant.
Et ce matin encore, sa neige s’accrochait aux branches.
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Photo : LILAS D’HIVER – Ce matin même, derrière chez moi
bleu bleu
tu viens, tu fuis
l’instant déballe tout
et l’hiver, lui
continue sa danse
la neige tombe tombe
et c’est heureux qu’elle soit blanche
les flocons sont pesants
gorgés
et le vent, je sais
se réchauffera
LE GESTE – Mars 2017
j’avance et me retrouve
inoculée encore
sur une même route
de quiétude et de vent
j’ai dans le sang la liberté
des mémoires d’arbres et de rivières
et des amours à coeur portant
c’est d’elle que j’entends toujours
que j’ai déjà tout
et par elle que j’arrache
devant mes circonstances mondaines
la peur d’échouer ou de perdre
alors c’est elle que je rappelle
elle que je ramène
sur les lieux touchés de mon âme
pour sa lumière balsamique
et ses longs trottoirs dans la neige
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Photo : VOITURES, TROTTOIR ET ESCALIER – Rue d’Iberville / 14 Mars 2017
La ruelle est belle. Avec au bout d’elle, un chien. La fille s’immobilise devant la blancheur et le calme, et laisse couler quelques larmes.
coeur d’hiver et de chardon
et ceux qu’on aime qui s’en vont
et repart la cadence
des jours dans leurs espoirs
bah bah, dit le chien
le monde va, le monde vient
et tombent les flocons
trois petits tours…
Et tandis que la neige lui embrasse les joues, la fille reprend son chemin.
CHIEN, NEIGE, RUELLE – Montréal, 15 mars 2017
dans la tempête, je pensais à toi
à ce vent glacial qui est venu te mordre
de quoi trouver encore une fois
le sens du beau comme de l’absurde
le beau de la neige
et ce qu’elle entraîne de périls
le beau de l’amour
et ce qu’il amène de peine
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Photo : NEIGE, VENT, FILLE – 14 mars 2017 / Rue D’Iberville, Montréal
petit soir tranquille
au coeur du monde
de mon monde
j’ai entendu des larmes tomber
des mots d’amour se dire
et des rires déferler sans savoir
juste pour déferler
comme autant de perles
sur la pente du jour
puis le soir est venu
et j’ai pensé que l’important
le plus important
restait encore l’amour
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Photo : NOS ÂMES – Transport en commun / Mars 2017, Montréal
la mienne souvent
reste la peur de dire
c’est qu’on m’a bien muselée quand même
déjà d’être une femme
et un cœur emporté – je sais
par un vent d’innocence
aussi c’est vrai que j’ai aimé
et parfois trop, diront certains
à ceux-là je réponds
sans tous mes amours éclatés
je n’aurais été que moins libre
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Photo/Quadriptyque : L’ÉCLAT DES JOURS – Mars 2017, Montréal