Mon coeur, un abîme

j’ai mis l’instant derrière moi
ça sert jamais à rien
d’y plonger trop de choses
j’aime mieux l’idée qui veut
qu’on n’a besoin de rien
vraiment
que l’instant se suffit
et que l’eau qui l’emporte
le sait bien mieux que moi

je touche le ciel et l’ombre
sans regret et sans peine
et quand je me sens humble
de la bonne manière
mes pas sont ceux des autres
et mon cœur est l’abîme
le plus doux, le sublime

Photo : JEAN ET MICHEL – Ripon, Petite Nation, fin mai 2016

En résumé, ma chance

hier… ou demain
un garçon dans la ruelle
qui court sous l’averse
le quantique
… ou l’instant pensé beau

en attendant
y aura dessus les jours
des enfants qui jouent
et des vieux qui savent
tellement qu’ils en rient

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SOUS L’ONDÉE – Hier, dans mon quartier

L’écho d’un privilège

ma ville est une forêt
ma vie aussi
j’y marche
dans l’une comme dans l’autre
une manière de promenade
dans les rues de mon âme
amoureuse que je suis
de l’errance
et de l’insondable cadence
du temps et des choses
chaque jour sans prière autre
que celle que j’entends
dans le souffle du vent

PHOTO : ELLE QUI MARCHE – Hier, dans mon quartier

Somme toute et puis après

tant que tes revers
épousent mes revers
que tes sourires
courent après les miens
que tes doigts
se rêvent encore de moi
tandis qu’on est bien
et tandis qu’on est mal
c’est tandis qu’on est là
et c’est déjà pas mal

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LE DERNIER COUP D’ŒIL – Hier, dans mon quartier

L’homme tendre

 Au paradis, paraît-il, mes amis
C’est pas la place pour les souliers vernis
Dépêchez-vous de salir vos souliers
Si vous voulez être pardonnés…
Félix Leclerc − 1950

Je n’ai pas su m’arrêter à temps, il était si beau sous les arbres. Quand il m’a vue, il m’a fait signe d’attendre et s’est avancé vers moi.

– Puisque t’as volé mon image, je vais te voler un instant. Comme ça, on sera quitte.

En s’aidant de sa canne, il a fait un tour sur lui-même suivi d’une lente révérence. Puis en me regardant dans les yeux, il a entonné d’une belle voix chaude la chanson de Félix. « Moi, mes souliers ont beaucoup voyagé, ils m’ont porté de l’école à la guerre, j’ai traversé sur mes souliers ferrés le monde et sa misère… »

Toujours en chantant, il m’a fait un salut de la tête et a repris son chemin. Je l’ai regardé s’éloigner sans bouger. Je souriais encore quand sa voix s’est perdue au plus loin de la courbe. « … sur mes souliers y a de l’eau des rochers, d’la boue des champs et des pleurs de femmes… ».

Il avait un regard extrêmement tendre.

Photo : Sur le mont Royal * Mai 2016

Mon plus bel outil

dans cet art majeur
que je pratique au quotidien
celui de vivre et d’engendrer des états d’âme
qui triomphent de la bêtise et des conditionnements
et me laissent voir de mieux en mieux l’infinie beauté des choses
dans cet art, donc
mon principal outil demeure le regard que je pose

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JOUR DE MAI – Avenue du Mont-Royal * Montréal 2016

Je t’embrasse, montagne

Y a une odeur de mouffette, c’est parfait, j’adore ce parfum. Un dimanche matin tranquille, il est tôt, huit heures à peine. Il y a quelques coureurs, plus de coureurs que de marcheurs. Je viens rarement dans cette partie du jour. Je choisis plutôt l’après-midi après quinze heures, quand mon cerveau est moins efficace.

C’est dimanche, et aussi mon anniversaire. J’ai des amis qui vont passer me dire bonjour tout à l’heure. Et je voulais venir te dire bonjour, montagne. Ça fait plusieurs jours. Je nous néglige un peu depuis quelques semaines. L’hiver s’est étiré, et il m’a découragée un peu de ma constance.

Je suis venue seule. J’avais envie de toi et moi seulement. De notre intimité.

Je me dis qu’il me faudra changer certaines habitudes, augmenter certains rituels, ces moments où je renforce mon âme. Ce n’est pas une résolution, seulement une réflexion. En attendant, la vie la mort, il est clair que tout cela me fait de moins en moins peur. J’arrive à vivre mieux qu’avant. Pour le reste, on verra. Chose certaine, je veux continuer d’exister pour la beauté des choses.

Une chance que je t’ai, montagne. Et ce matin, les oiseaux.

Je t’embrasse. À très bientôt, mon amie.

* Photo – Ce matin, j’étais tournée vers le fleuve

Le dessin

– Qu’il n’y ait pas de fins à ton voyage, lui dit-elle.
– Mais de quel voyage parles-tu?
– De celui que ton âme dessine, au gré de son infinitude.

Et elle repartit sans autre mot. Lui resta immobile un instant avant de reprendre sa route. Les ruelles étaient belles dans cette ville du continent. Une ville au cœur tendre, une ville qui n’a pas peur. Le monde est vaste, se dit-il. La journée sera belle. Aussi belle que le ciel de ce matin, ce bleu d’entre les bleus. Et moi, je marcherai. Petit que je suis, dans l’immensité du monde.

Photo : Hier, dans une ruelle de mon quartier

Pas ailleurs

ne me laisse pas errer ailleurs
que dans ma plus belle errance
tomber ailleurs que dans ma plus belle chute
mourir ailleurs que dans ma plus belle mort
ainsi je danserai pieds nus
mon cœur à portée du monde

SOLEIL BAS - Hier, dans une ruelle pas loin de chez nous (cliquer 2x pour agrandir)

SOLEIL BAS – Hier, dans une ruelle pas loin de chez nous – cliquer 2X pour agrandir

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