Billy B.

Ils ont ébranché mon érable à cause d’un fil électrique.
Mon érable s’en remettra.

Autrement, une petite histoire.
Comme un petit rond dans la mare.

Non mais vraiment, qu’est-ce qu’un potiron vient faire là-dedans?

Sérieux, allons-y de l’histoire.

Il était une fois, il y a quelques jours, un beau vieux forgeron.
Fatigué de forger des boucliers contre la brise,
il s’est arrêté auprès d’âmes errantes
et d’un chien et d’un chat qui n’ont pas peur du vent.

Goodbye, Billy B.

Photo : VERTICALITÉ * Juillet 2021 – Montréal

Reines en fuite

la lenteur te va bien
elle se prête à ce ciel, son pesant de gris tendre

ainsi nos assises humaines
semblables à des reines en fuite

leurs champs de ronces en jardins
fragiles d’autant d’argile sèche

et encore tu te souviens d’elle

mais peut-être me parlais-tu
d’un simple rang de pierres

Photo : D’Y GARDER LE JOUR * Juillet 2021 – Montréal

Courants

Il est de ces délires qui naissent des mans de songe,
des cécités qu’on déguise en combats.

Ne te demande pas si ma peine est trop longue.
Elle vague, ma peine.
Elle bouge comme les pierres dans l’eau, portée par des courants humains.

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Photo : DANS LES BRAS DU MONDE * Juillet 2021 – Montréal

De langue d’aube

Tes yeux qui vont du rideau blanc, qui pend là depuis tant d’années, à cette toile étrange achetée un jour de pluie battante et appuyée au mur dans la petite bibliothèque. Les plantes, les livres et le chat de papier mâché. Et le petit bouddha offert par l’ami tendre.

C’est vrai que tout se voit, comme là, le matin, les oiseaux. Le temps ne sait pas faire semblant. Ni ce vent d’âme, toujours en fugue. À force de valser d’errance, de langue d’aube et de rivière, de n’y sentir jamais vraiment que la seule eau du coeur.

Photo : EN ALLANT VERS LE SOIR * Juillet 2021 – Laurentides

Qui de l’ombre ou du miracle

la saison reste troublante
mais il y a encore sur juillet de quoi bercer la fuite

je ne sais qui de l’ombre ou du miracle
se suspend à nos âmes comme à des radeaux d’or

Et là mon voisin qui se penche sur le p’tit jardin de sa mère, partie depuis longtemps. Le temps de deux étés, je me suis bercée avec elle dans sa balançoire qui grinçait. C’était tendre et facile. Et je ne parle pas l’italien.

Un jour, un autre voisin m’a dit d’elle qu’elle était folle.

Folie.

·


Photo : À BRAS L’ESPOIR – Juillet 2021 * Montréal

Aboiements

Un coup d’eau indécent, si la chose se peut.
Toujours est-il que j’ai oublié quelques pages au milieu du jardin.
Pas regardé le ciel. Pas vu venir l’orage.

Quelques lignes perdues. Des aboiements de plume.
J’y sublimais le gros des revers mondains.

Par chance le jour s’écrit même au mouillant du monde.
Et au plus fort des gouttes, j’ai marché vers chez toi.
Et j’ai laissé exprès mon parapluie chez moi.

Photo : LA FEMME CHAT * Juillet 2021 – Montréal

Le bracelet bleu

Le quartier latin en juillet.
J’y aurais marché avec toi,
et ça malgré la pluie.
Il y a de ces lieux sous le ciel
où les souvenirs ne bougent pas.

En attendant, même s’il est lourd,
il m’arrive encore de porter
le bracelet bleu qu’elle m’a donné.

Et tandis que tu cherches une assise solide
d’où prendre les vents de l’époque,
je me suis rappelé où j’étais
le matin du dernier solstice.

C’est remonté comme ça.
Au milieu de la nuit.

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Photo : UN VENT CHAUD * Juillet 2021 – Montréal

Nos beaux remparts

le piano
en pointe du pied au matin

et de rouler encore
quand même échevelées par la route

comme l’ortie, qu’on s’est dit
l’amour jusqu’aux os

et d’oser ∼ juste assez
en repensant à lui

et ce tour qu’on fait tranquilles
de la cour et des roses

Photo : EN CONFIDENCE * Juillet 2021 – Montréal

..et vers toi, vers tes cafés, ma tendre amie..

Le jour et la rose

c’est un lieu – tu me dis
mais il y en a tant, tu vois
et mon errance qui me colle à la peau

passé le rêve d’une clé perdue
et d’un amour moribond
tout est encore là au matin

la rose tranquille
et le profil dans l’ombre
du jour resté près de la nuit

Photo : LA BEAUTÉ D’UN PASSAGE * Hier – Montréal

Les mots comme la pluie

Ce plongeon dans les mots
pour leur caresse vive.

La vie, les amours, l’écriture.

Il est devenu si difficile de dire les choses telles qu’on les sent. Sans se censurer quelque part. On ne peut plus contester grand-chose. On nous impose une manière de voir, et c’est censé aller. Par chance, il y a la vie. Et encore de la dire, tenacement. D’y trouver le plaisir des mots. Et de les faire tourner jusqu’à s’en étourdir.

Et ce bonheur que j’ai quand ils font à leur tête. Tant ils savent être beaux d’eux-mêmes, les mots.

Comme une pluie de juillet quand on n’a pas son parapluie.

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Photo : LA JOUISSANCE * Juillet 2021 – Montréal

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