Le ciel y sera

Viens Nestor, on va se prendre un café sur une belle terrasse.
Le ciel y sera, le monde aussi. On verra mieux passer les heures.

*

Ce matin, m’a dit Bertrand, un vent soufflait des ténèbres.
Un vent un peu amer, qui sentait l’envers du bonheur.
Mon cou endolori, mes membres lourds.
Et mon coeur surtout, qui pleure encore ma Madeline.

Or mon coeur, m’a dit Bertrand
ne m’a toujours donné de choix que celui d’embrasser le temps.
Alors avec Nestor et sans sa laisse, je m’en suis allé dehors.

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Photo : LE MONDE – Rue Beaubien * Juin 2017

Je m’éprendrai

je m’éprendrai encore
de liberté surtout
et de soleil et d’ombre
mais je m’éprendrai

on aura un moment
juste un moment toujours
comme un ou deux printemps
quelques étés fragiles et doux
rattachés ensemble comme un seul amour

le vent restera mon amant
le temps aussi
une pensée ou un regard
pour y tendre mon âme

j’y viens et j’y viendrai
comme on vient à l’amour
je te dirai mon cœur
et ma sœur
comme on parle du ciel
et m’éprendrai
un peu plus fort toujours

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SIX SEPT NEUF – Juin 2017

L’empreinte de la tiédeur

Hier soir, l’air était lourd, écrasant comme je l’aime. La ville s’endormait tranquillement et moi je marchais avec lui sans parler. Ce matin, c’est pareil. Mon corps relâché, ma tête ralentie, tout mon être qui baigne dans un calme plus grand que moi. Un legs de ce long voyage du début de ma vingtaine peut-être, à travers des zones torrides. Une empreinte laissée sur mes cellules à l’instant où je goûtais ma première vraie dose de liberté. Ou simplement une question de chimie. Une chose est sûre, cette tiédeur m’enivre. 

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Photo : LES CHOSES TENDRES – Montréal * Juin 2017

Paysage intérieur

J’ai ouvert la porte pour mieux l’entendre.
Il chantait plus fort que d’habitude. Du moins, c’est l’impression que j’ai eue.

Puis le ciel s’est couvert. Et j’ai pensé à toi.
Que faisais-tu? À qui pensais-tu? À lui ou à l’autre?
Je suis montée faire du ménage. Et la journée a continué.

Je n’oublie pas les gens que j’aime.
Ils sont là dans mon paysage, sur un des bancs de mon cœur.

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LA PART VISIBLE – Hier, rue Beaubien

Les roses sauvages

j’ai frôlé de mes yeux
comme des vaisseaux d’âme
autant de bienveillance que de matins nouveaux
les amours en objets posés contre le cœur

et en voulant me vivre
au gré des jours qui vous emportent
fait mille choses apprises
et deux ou trois nouvelles
comme sentir les fleurs

qui sait où va le cœur
puisse-t-il déjà en des matins plus sombres
souffler une caresse qui nous soit chaude et tendre

si j’ai vu sans les traverser
quelques portails rutilants
je souris aujourd’hui de voir
que quand j’étais petite
je savais pas encore
combien j’aimais les roses
surtout les sauvages

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LE TEMPS Y FAIT – Montréal, Juin 2017

Doux et cruel

trois jours que le vent souffle fort
et que l’air est chaud comme je l’aime
mon corps répond à ce temps
comme à la plus belle des caresses

hier soir, dans la cour
le bruissement du vent dans les feuilles
et son souffle sur mon visage
ont fait monter mes larmes

l’éphémère est à la fois doux et cruel

je pleure souvent d’avance
la fin de ce que j’aime

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Photo : L’ÂGE DE RAISON – Laurie dans la cour, il y a deux jours.

Enchante-moi

Enchante-moi. Donne-moi envie de croire que tout est possible encore. Que le monde, avec son bleu, son vert, son cœur et sa lumière, permet tout ce qu’il y a de plus beau. Jusqu’au rêve le plus fou.

Abandonne-moi juste un instant que je te cherche. Retrouve-moi si je me perds, tu sais si bien le faire. Et regarde en haut comme en bas, tu verras que j’y suis encore. Et mon corps, pour le voyage.

Enchante-moi d’espoir.

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UN CHAGALL – Hier, au Musée des Beaux-Arts de Montréal

Dérives saisonnières

Il y avait eu une surprise, un matin différent. Un rêve doux, qui ressemblait à la naissance d’un grand amour. Et puis le temps d’un mois, deux mois, et l’été avait dérivé, sans que rien de grave ne soit arrivé. On a oublié vite, tu te souviens? Le milieu, le cœur, c’est tout ce qui en est resté.

La musique continue. L’amour ne se défait pas. Il danse ailleurs, comme une chanson lointaine, mais il reste là. On s’apprivoise, sans jamais se perdre. On s’habitue tandis qu’on aime.

Je regarderai passer l’été. Me faudra seulement ne pas être impatiente. Négocier avec mon cœur pour qu’il ne se brise pas d’avance devant la saison qui s’achève.

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NOS BEAUX ÉLANS – Juin 2017

L’insistance des hommes

Dans l’esprit des jours, le monde continue. Comme le ruisseau qui va, sans savoir la mer.

Le cœur est une ondée. Et les fleurs de la cour se laissent faire sous mes yeux. Elles s’ouvrent et tombent, pétale après pétale, tout y est vu d’avance. Ou pas. Et tout est beau comme ça.

Les fleurs n’insistent pas.

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Photo : SUR EAST RIVER ROAD – À partir d’une photo papier prise par mon amie Anne, à Bolton, il y a quelques années.

Les jours tranquilles

Le jour est venu comme d’habitude.
Le ciel gris l’a rejoint.

Et puis y a eu un bruit de machines au coin de la rue.
Ils creusent le trottoir, je ne sais pas ce qu’ils font.

Je vis dans une ville. Tranquille.
Où les bruits incongrus ou du moins inhabituels
me sautent aux oreilles. Mais ce n’est jamais des bombes.

Le destin, la chance, ces mots-là me traversent souvent l’esprit.
Le mien de destin. La mienne de chance.

Si je me laisse glisser doucement sur la rivière des jours,
est-ce par manque d’ambition et lâcheté ou par sagesse et zénitude?

Chose certaine, j’ai pas mal de chance.

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LA RUELLE ET L’ENFANT – Fin mai 2017, tout près de chez moi

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