La musique d’une vie

carolinedufourviphdc

En Norvège, avant 1889.

L’histoire a eu lieu sous mes yeux. J’y ai posé mon âme, mon cœur, mon corps. Et j’y ai vu le monde, de près ou de loin. Je l’ai touché aussi, avec bonheur et grâce au mieux, mais aussi peine et désarroi. En espérant seulement toujours que dans les passages doux comme dans les difficiles, la musique me vienne. Que je sache tenir la mesure.


Photo : INCONNUE / LE CORPS GRAVE – Tirée de la même collection de photos trouvées dans le grenier d’une vieille maison de la Caroline du Nord. Celle-ci a été prise à Christiania (maintenant Oslo) en Norvège. Aucune date n’y est inscrite. Mais le photographe, Johan Thorsen, est mort en 1889.

D’amour et de paradoxes

on ne meurt pas d’écrire
alors j’écris
de toute manière je reste pleine
d’amour et de paradoxes
et de complexes, évidemment
mais qui n’est que de clair sans ombre
l’idée peut-être étant d’y être
de voir et d’aimer
sans y mourir avant


Photo : LA BEAUTÉ ME REND VOLEUSE- Août 2017, Montréal

On aura vu

on l’écoutait chanter
et il chantait si bien
il le faisait c’est tout

on aura été si peu dans tout ça
si peu vraiment
alors pourquoi t’en faire autant

on aura vu les hommes
le cœur dans leur poche ou au bout de leur bras
et on aura vu l’ombre aussi
et le soleil
c’était le plan

alors n’y pense pas trop mon coeur
tout ça passe déjà bien assez vite

carolinedufouraulidth

UN LIVRE DE PAPIER – Août 2017, Montréal

Les tendresses vainqueures

souffle
et entraîne-moi dans la distance
dans ces choses que l’on fait
et refait
pour y goûter le temps

mets tes mains sur mon corps
et verse tes mots en filets
dans ma rivière d’ombre

peut-être qu’on touchera l’abandon
les tendresses avouées
et qu’on viendra à bout
des regrets de ce monde


Photo : C’EST SI TRANQUILLE ICI, TU NE TROUVES PAS? – Mon amie C, hier, au parc Lafontaine

L’étang

de soi

difficile souvent de vaincre l’obstruction
de voir le fond là où l’eau le brouille

l’étang est vaste et si plein de mystère
et qu’en sait-on vraiment

d’en soustraire mon regard
pour mieux y voir le reste
peut-être

ne pas être endiguée
par l’idée qu’on s’en fait

le passé le futur
restent ailleurs

carolinedufourgacaecc

NEZ À NEZ, LE BEL ÉCRASEMENT – Gaby et bibi, cette semaine, dans l’arrondissement Ville-Marie

Secrètement, la beauté

Dans l’état de l’Alabama, autour de 1895.

il y avait la beauté
et la liberté dans l’aube

ton silence en bouclier
devant les écueils des hommes
tu chuchotais
à l’oreille du tendre


Photo : INCONNUE / LA SÉGRÉGATION
Vient de la même collection trouvée dans un grenier de la Caroline du Nord.
Celle-ci a été prise à Montgomery, dans l’état de l’Alabama, par J. W. Blyth, au 10 Court Square, entre 1890 et 1899.

L’incandescence

Philadelphie, autour de 1865.

et tu l’imites encore
dans l’espace qui s’incline
le vent, l’intarissable
qui se donne sans retenue
pareil aux frémissements de l’âme

comme là, dans le matin
où tu me dis la liberté
et que les pensées font la suite
du jour et de la nuit
autant de pierres au fond des heures
ou de souffles vers l’infini
alors aux tiennes, tu songes

et si tu t’es contenu jadis
tu te déclines ici en autant d’amours vives
de l’ombre jusqu’à ta flamme nue
parce que, dis-tu, tout commence et finit
et qu’entre les deux on n’a rien
que le temps


Photo : INCONNU / L’ABSOLU
Vient de la même collection trouvée dans un grenier de la Caroline du Nord.
Celle-ci a été prise à Philadelphie, en Pennsylvanie, par L. Horning, au 63 North Eighth Street, entre 1860 et 1869.
Derrière la photo figure à la mine le nom de Robert L. Claypool.

Sous la voûte

carolinedufourvouke.jpg

sous la voûte évidemment
il me vient
combien je cherche en moi
follement et toujours
l’écho de cette immensité

et loin dans la nuit je l’entends
le huard
qui lance sa plainte
douze fois sa belle mélancolie
au milieu du silence

et sous ce ciel qui trouve mes larmes
je sais qu’il n’y a plus besoin des mots

parce que tout m’y est déjà dit


Photo : PARMI LES REFLETS DU MONDE – Au bord du lac Kénogami * Août 2017

Et mille autres caresses

les herbes et le ciel
et cette dérive pourtant
comme une aurore qui se faufile
entre les sautes du vent

le parfum
la promesse
je t’y donne mon cœur
et mille autres caresses

et entre les branches tendres, je te souffle
pour la millième fois
en silence ou en mots
que je t’aime
tout à fait
exactement
comme ça

carolinedufourlaunbdtl

POUR AUTANT DE JOURS SANS Y PENSER – Août 2017, Montréal

No more posts.