Les impossibles heureux

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même si l’impossible verse aussi dans le sombre
et ces temps-ci, on dirait, plus fort que dans le clair
je m’accroche à mon refus
de donner à l’amer

si j’ai souvent le souffle court
et le coeur qui se serre devant le fou et l’irascible
je vivrai pas désespérée
dans une prison de fiel

Photo : FEMME, CHIEN, ARBRES, NEIGE – Hier, rue de Bernières, Ville de Québec

* La tuerie à Québec est survenue hier, presque au moment où je publiais ce texte. Mes mots ne font pas le poids ce matin. Je les laisse quand même pour ce qu’ils portent de vérité. Avec tout mon amour à ceux qui souffrent. 

La boîte à vents

L’orchestre joue une ballade. Du haut de son bonheur, il contemple la route et tous les pas perdus. Et ça lui paraît beau, de jour comme de nuit. De la scène ou d’ailleurs.

J’aime sentir que tu me cherches.
Comme le vent sous la porte qui vient se glisser sur ma peau.
Si ça sert pas à ça le temps, ça sert à quoi?

Surtout ne sois pas triste, mon coeur.
Le monde a besoin d’anges, jusque dans les ruelles.
Viens, on va danser. Je sortirai ma boîte à vents.

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TENDRESSE D’HIVER – Hier matin, devant chez moi

Jazz et prospectus

La neige stoppeuse ralentit l’homme aux circulaires. Il se penche en avant pour faire rouler son carrosse. Sur son sentier d’hiver, y a des matins comme ça. Où le ciel bas lui arrache son ombre. 

allez vas-y, cunégonde
un jour tu sauras le monde
la lourdeur n’est pas hirondelle
ni deux ni trois dans la marelle
je sais l’instant qui se répète
mais je préfère la trompette

et s’il est long de long
le chemin entre nous
le plus beau dans tout ça
c’est déjà qu’on y soit
et encore qu’on y reste

L’air est humide. Si ses os lui en parlent, lui ne s’en plaint pas. Il roulera son carrosse rempli de prospectus aussi longtemps qu’il le pourra. Et dans quelques mois, ça sentira les roses et les fleurs de magnolia.

Photo : ESCALIER, ARBRES,MAISONS ET NEIGE – Par la fenêtre avant * Janvier 2017

Clair chemin

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qu’on ait l’aube et la beauté
jusqu’au fond de nos âmes
les yeux pour voir le jour
le cœur pour sentir l’arbre
et l’espoir
pour s’en faire un chemin

Photo : DEVANT – Rue St-Denis * Janvier 2017

D’épices et d’espoir

Entre deux jours de grand froid, le mercure a grimpé solide pour quelques heures et l’air s’est rempli d’odeurs. Aucun relent d’ordures ou de merde, juste des filets de parfums suaves et sucrés sortant des restos de ma ville. De quoi m’enivrer absolument. J’ai étiré ma marche et respiré plus fort.

Rue St-Denis, au milieu de la foule, j’ai pensé à l’autre, à celui qui approche. Et comme chaque fois – c’est pour ça que j’évite – j’ai ressenti une certaine nausée.

Et puis je les ai vus, là devant. En plein coeur du monde, sans peur. Un rêve clair, un espoir lumineux. Des années plus loin, passé un long sommeil. Il m’a semblé qu’ils voyaient mieux à travers les menteries et les leurres. Et qu’ils savaient mieux aussi la douceur du temps et de tout ce qui sent bon.

Photo : LA RUE – Avenue du Mont-Royal * Janvier 2017

Mais un matin

un matin blême
mais un matin

et le monde continue à faire
comme si les oiseaux et le vent
avaient peu d’importance

un grand président a fait ses adieux
et sa peine était grande

je pars marcher
j’irai voir Gaby en passant
je serai ici quand tu reviendras

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UN VENT D’AUTOROUTE – Sur la 20, vers Québec – Janvier 2017

Travaux d’hiver

quand le soleil s’est levé sur la brume
la lumière était belle
et j’étais certaine du monde

dans les refrains blancs de la neige
j’ai vu le fleuve dans sa glace

et dans son désir et ses états d’hiver
la branche alourdie
porteuse d’autant d’amour

Photo : MATIN D’AUTOROUTE – Hier au lever du soleil, sur la 20, entre Montréal et Québec

Ensemble

Premier jour de l’année. Selon notre calendrier.

J’écoute Glenn Gould. Qui joue Bach. Avec la lumière vive et le ciel bleu de l’autre côté de la fenêtre, j’ai envie de dire que l’ambiance est religieuse. 

Devant les rues blanches, je pense à nous. À ce monde qui se cherche.

Pour balayer la tristesse, je me dis qu’on est tous là-dedans ensemble. Qu’on se cherche ensemble. Qu’on est liés. Soudés. À ceux qui rient et ceux qui pleurent. Ceux qui haïssent et ceux qui s’aiment. Ceux qui vivent et ceux qui meurent.

Et pour balayer un autre bon coup, je me dis que comme le battement d’aile du papillon, comme l’argon qui se promène entre nos poumons d’Afrique, d’Amérique, d’Europe et d’ailleurs, chaque petit geste d’amour rebondit sur l’ensemble.

Je nous souhaite de la paix. Pour en éclabousser le monde.

Photo : AU DERNIER SOIR DE L’AN, TROIS AMIS QUI RIGOLENT- Hier soir, à quelques pas de chez moi, ils attendaient l’autobus 

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