Ni le ciel ni les bernaches

j’ai ressorti le hamac hier
saoulée que j’étais
par la caresse tiède de l’air

et là malgré le vent fort
les feuilles qui s’accrochent à l’érable

en dépit des travers du monde
je n’aurais voulu perdre au matin
ni le ciel ni les bernaches qui sont passées

depuis l’aube, ma ville était
tranquille, mais là
un marteau piqueur vient de s’y mettre
qui enterre les oiseaux

juste à temps pour mon deuxième café..

la lumière est sublime
dans les feuilles de la vigne

ça sent la pluie


Photo – QUE TOUJOURS L’ERRANCE… * Avant-hier soir, une oie sauvage – Montréal

Plexus

toute cette tristesse sous nos colères
tout cet amour perdu

le ciel est beau ce matin
et les couleurs dans ce qu’il reste de vigne

encore ce creux
celui d’après les dérapages
quand je voudrais tout plus vite

la lumière est tendre
les feuilles tombent une à une
ô le vent sur tout ce qui passe

et cette part de nous
qui m’échappe encore


Photo – LA PATIENCE * Septembre 2020 – Montréal

Le ciel tout près

mes yeux sur l’orangé
surtout que l’orangé l’emporte
et le ciel tout près

le temps me prend ce que je suis
le beau comme le laid

je lui prends l’errance au passage
l’eurythmie de la fuite

·


Photo – BATTRE LE PAVÉ * Septembre 2020 – Montréal

Effluve

et l’absence de poids sur hier
coup d’âme ou de hasard

mais suis-moi quand même
viens charger l’instant qu’on y vive

t’as raison que je brume
que les mots et le blanc se font traces légères
flous d’entre les flous

de près, de loin
j’essaie voiles et soies
peut-être mon désir
que le subtil l’emporte sur le lourd

comme un vent de la mer
sans qu’il faille la voir
transporte sur la terre un effluve salin

qu’entre naître et mourir
il s’agisse moins de croire que de vivre

Photo – SUR L’ÉLAN CLAIR * Septembre 2020 – Montréal

Tendre au matin

Cet état de durée qu’aucune sécheresse n’atteint
comme le ciel qui roule et le vent qui se perd
sans rien y attendre

La lumière est plus grande depuis qu’on a ouvert
l’escalier est plein de soleil

Dans le rêve de départ
chacun allait trouver rivière à son âme

et si pendant qu’on avait tout, on avait oublié

Mais au fond je ne sais rien
sinon nos corps célestes et ce désir de temps

et j’aime tendre au matin
qui jamais ne s’en lasse

Photo – REGARDS * Septembre 2020 – Montréal

Par quelle chance le bleu

Lau, dix ans, a enveloppé dans un mouchoir
une de mes pinces à cheveux. Et collé un papier dessus.
« Tu trouveras là-dedans tout ce dont tu as besoin. »

par quelle chance le bleu
et les feuilles qui dansent
tout le ciel resté là
malgré l’écueil glacé
et la peur de nous

la cascade des heures
sur mon coeur qui doute
comme une rivière à vivre
et cette fois encore
le vent qui nous absout
de tant d’indifférence

de quoi me souvenir
devant la lumière folle
et les oiseaux heureux

·


Photo – L’HOMME À VÉLO * Septembre 2020 – Montréal

Et les oiseaux me viennent

On s’y demande même pour la pluie.
Pour le temps qui fait ce qu’il fait,
les feuilles qui se gorgent et les arbres qui pleurent.

l’été s’achève, le vent balaie
et toute la lumière qui s’automne

chaque aube me renvoie ton cri
plus dur que la mélancolie

et les oiseaux me viennent
et les arbres et le ciel
de quoi tendre au subtil et exaucer ma fuite

pardonne-nous d’avance
si le monde et
le temps y feront
ce qu’ils font

Photo – HISTOIRE DE MUR * Septembre 2020 – Montréal

Penchants

quelles que soient les pâtures et
les lourdeurs du monde, je rêve mieux mon âme
dans des champs pleins d’oiseaux

si j’ai longtemps cherché les vents qui désensablent
me voilà tournée vers les feuilles
et le soleil qui entre où la vigne n’est plus

·


Photo – FILLE SUR UN TROTTOIR * Septembre 2020 – Montréal

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