La rigole

tout ce qu’il me vient de t’écrire
c’est qu’hier, l’air était bon

j’ai marché d’un bon pas
jusqu’en haut
en ne m’arrêtant qu’une fois
pour écouter le bruit de l’eau

Photo : LES BRUITS DU MONDE – Février 2018

La mémoire me revient

J’ai ouvert la fenêtre.
Senti l’air.
Entendu les oiseaux.

L’hiver a sa robe, ses habits, son unique prestance.
Mais il paralyse ma mémoire, comme une main glacée.
Et ce matin, il soulève un peu les doigts.

La mémoire me revient.


Photo : LES NUANCES DE L’ESPOIR – Sur le Plateau * 19 février 2018

Même la simple esquisse

même la simple esquisse d’un sourire
d’un vrai
érode les cloisons de mon coeur

j’aime ces regards
où je peux y couler le mien

comme hier
dans les yeux d’un vieil homme
qui courbé dans son manteau noir
a trouvé mon coeur au détour


Photo : LA LUMIÈRE, LE SOIR – Rue St-Denis * 17 février 2018

La vie déroule son tapis

la vie déroule son tapis
aux couleurs d’arbres et d’orbes claires

combien d’âmes rêveuses
cherchent le rouge et l’or

tu ne vois que le fil
tant du ciel gris de ce matin
que de la fille qui enjambe
l’amas de neige sale
et ce rayon qui donne tout
en passant par ta fenêtre

ne le tais pas
malgré l’oblique des regards

la journée sera belle
ton cœur a besoin de repos
couche-toi sur le jour
étends ce que tu es
rien que ce que tu es


Photo : LA COULEUR DU GOUDRON – Rue Beaubien * 13 février 2018

Le fil des saisons

la peau, le sang, la source
dans le mouvement des jours

et l’écorce
qui sans le chercher se forme
et protège – et la sève
qui sans y décider remonte

et les racines qui se déploient
sans vouloir pourtant rien briser

et mon coeur amoureux
de ces feuilles roses qui frémissent
dans l’hiver autrement

belles sur leurs branches
de n’avoir pu tomber

tenues comme nous le sommes
par le fil des saisons


Photo : ENTRE LE FOND ET LA FORME – Diptyque (lieux de ville) * Février 2018

J’ai pris un bout d’écorce

j’ai pris un bout d’écorce
pour que l’arbre me parle encore

et j’ai marché
avec ma main dessus
pour qu’il continue de me dire
ce qui s’oublie si facilement

je cherche toujours les mots
ceux qui nous font du bien
des mots pareils à ces choses qu’on aime
au bruit du vent dans l’arbre
au flocon sur la joue

le reste est incertain


Photo : AU GRÉ DES JOURS – Parc Maisonneuve, hier * 14h36

Au bord d’un fleuve blanc

et puis l’horloge
et les souvenirs
les abris au bord de nos pas

la neige miroite sur ma ville tranquille
et j’ai pensé à lui
son cœur perdu au milieu de la foule

il se rêvait ailleurs
dans le vent d’un matin
au bord d’un fleuve blanc

le temps nous lie et nous sépare

j’aimerais pour un moment
m’y trouver avec lui

Photo : SOUVENANCE – Hier, 16h56, Montréal

Manger les tempêtes

blanche blanche
et si elle était noire

juste de quoi sourire
en amont d’une rivière

et la vie qui ne tient qu’au moment
d’autant plus quand on naît du bon bord

et le temps qui repasse sans y perdre patience
et le vent sans y perdre le souffle

la lumière qui traverse
que je vois mais si peu

un jour on saura mieux
qu’il fallait manger les tempêtes


Photo : GRAFIGNER LE TEMPS ET L’ESPACE – Hier soir, 17h47

La chevauchée des jours

ma si belle errance
et ces matins où je vacille

mon chemin de vertige
ma syllabe claire
je te sais trop maintenant
pour me rêver ailleurs

pour ça je te chevauche
avec le désir et l’espoir
que la neige sait
que le vent porte
que le ciel m’ouvre

dans cette même ville
de cette même fenêtre
dans un coin du monde

ma si belle errance
sans besoin de raison


Photo : CIEL, TOIT, NEIGE, BRANCHES – Là, ce matin, devant chez moi

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