Le bruit de l’hiver

C’était beau… froid et beau.

Je m’enlignais vers la montagne lundi.
Mais j’ai reculé. Trop humide, trop perçant.
Mon corps commence à rêver du printemps.

J’y suis allée le lendemain.
C’était moins glacial.
Plus proche de mon courage.
Mais quand même. Sous mes pieds.
J’entendais fort le bruit du grand froid.
Ce froissement qui ne ressemble qu’à lui-même.

Il reste que la lumière change.
Ce matin, sur la rue devant chez moi,
sa nuance sur la neige n’est pas la même.
L’hiver s’en va vers son silence.
Et le bruit du temps qu’il fait changera lui aussi.

BLEUS - Le 24 février 2015 sur le mont Royal

BLEUS – Le 24 février 2015 sur le mont Royal

Maquiller les choses

T’es quand même bien ici? que j’lui demande.
Tu t’habitues? Ils sont fins avec toi?
Pas de troub’, qu’y me répond.
Il est 18 h.
M’a me coucher, qu’y me dit.
Bye mon Gaby, que j’réponds.
Pis je recule vers la porte.
Clic.
Pis en revenant chez nous
je r’pense à un ailleurs
avec des enfants qui dansent
pis des vieux qui se bercent.

AVANT D'ÉTEINDRE - Montréal 2015

AVANT D’ÉTEINDRE – Montréal 2015

Pas mon jouet

Parfois, je crierais.
Devant certains départs.
Comme un enfant à qui on arrache
un jouet. Ou le coeur.
Mais je ne crierai pas.
La vie des autres n’est pas mon jouet.
Mon coeur, ça, je sais pas.

ALLEZ DANSE, MON COEUR, DANSE (malgré le brun) Viaduc Rosemont, le mont Royal en arrière-plan, Montréal, février 2015

ALLEZ DANSE, MON COEUR, DANSE (malgré le brun)
Viaduc Rosemont, le mont Royal en arrière-plan, Montréal, février 2015

Comme parfois l’amour

Faut croire que j’y tenais.
À cette image du soleil couchant.
Et pourtant, on pourrait se demander.
Si ça valait le coup…

Les doigts gelés
je remettais mes mitaines
et j’avançais tête baissée
avec et contre le vent
vers l’ouverture
(trafiquée toujours)
dans la clôture du CP.
Mais la neige avait neigé.
Et le plancher était plus haut.
Ou le tuyau de métal plus bas.
Bref, mauvais calcul.
J’ai levé la tête au mauvais moment.
Et bang, mon nez.
Dur. Fort. De plein fouet.

Tout ça pour ça.
Sans vraiment de regrets.

QUELQUES SECONDES AVANT L'IMPACT Près du Champ des Possibles, Montréal, février 2015

QUELQUES SECONDES AVANT L’IMPACT
Près du Champ des Possibles, Montréal, février 2015

Pulsion

Cinq semaines après ma conception
un premier boum boum.
Sans qu’on sache d’où ni comment.
Aucun déclencheur apparent.

Là, c’est cent mille fois par jour.
Trente-sept millions de fois par année.
Boum boum.

Je n’ai de certitude que le mystère.
Et un peu aussi peut-être, celle des coeurs tendres.

SWEET DÉLINQUANCE - Un mur d'abribus, quelque part sur le Plateau - Février 2015

SWEET DÉLINQUANCE (Bonne St-Valentin) – Un mur d’abribus, quelque part sur le Plateau – Février 2015

La saveur d’un dimanche

Je suis partie, dans les grands vents.
Sur la montagne.
Trop de jours s’étaient écoulés sans une vraie marche.
Debout à la fenêtre, devant la bourrasque,
j’ai eu un instant d’hésitation.
Puis j’ai senti monter l’excitation.
À l’idée de braver la tempête, de la prendre de front,
avec tout ce qu’elle est.
Je me suis habillée pour bien goûter mon plaisir.
Et j’ai eu ce que je voulais.
Et plus tard, pour souper, deux amies que j’adore.
J’en prendrais plein des jours comme ça.
Qui goûtent fort le vent et l’amitié.

BLANC POUDRE - Février 2015, sur la montagne

BLANC POUDRE – Février 2015, sur la montagne

Sommeil d’hiver

Un film comme il s’en fait peu.
Je pourrais parler des images. Du rythme, bien sûr.
De l’intériorité humaine et de l’immensité naturelle.
Mais j’aime mieux citer le faiseur.
Le fossé entre le rythme de la vie moderne
et mon propre univers m’oblige à trouver une issue.
J’ai envie de résister au rythme du monde extérieur
et de lui imposer mon propre rythme.

Je comprends, Monsieur Ceylan.

SOIR DE DOUCE TEMPÊTE - À l'orée d'une ruelle, Rosemont-Petite Patrie - Février 2015

SOIR DE DOUCE TEMPÊTE – À l’orée d’une ruelle, Rosemont-Petite Patrie – Février 2015

Ode au cinglant

Le ressenti était de moins trente-cinq.
En allant porter quelque chose à ma mère ce midi,
j’ai vu des enfants qui fonçaient tête baissée vers la ruelle
pour aller dîner à la maison.

J’anticipe toujours un peu l’hiver.
Son froid parfois brutal. Comme aujourd’hui.
Et chaque hiver pourtant, je redécouvre
combien j’aime quand le froid me fouette le visage.

En voyant ces enfants tout à l’heure,
je me suis souvenue des vents de mon enfance.
Et que j’aimais déjà les bourrasques et les grands froids
à l’époque de ma petite école et des diners à la maison.
Je me suis vue traverser la voie ferrée, dans l’est de Montréal,
seule avec moi-même et la furie du vent.
Et je me suis rappelé que sa force sur ma joue m’enivrait déjà
en m’emmenant quelque part qui ressemblait à la liberté.

RUELLE D'HIVER - Rosemont - Février 2015

RUELLE D’HIVER – Rosemont – Février 2015

No more posts.