il y a la feuille, qui tombe ou se détache
et moi, qui ne suis jamais que le rêve
que je fais de moi et du monde
jamais que le rêve
∼
Photo : GLISSER DANS LE JOUR * Fin mai 2018, Montréal
il y a la feuille, qui tombe ou se détache
et moi, qui ne suis jamais que le rêve
que je fais de moi et du monde
jamais que le rêve
∼
Photo : GLISSER DANS LE JOUR * Fin mai 2018, Montréal
un regard entre nous
pareil à un vent de plaine
un souffle chaud
sur le coeur un peu sourd
et le doute
qui se ressemble encore
meublé par le soir et l’enfance
surtout la vie
qui ne sert vraiment qu’à vivre
c’est le printemps qui nous l’a dit
ou était-ce le bourgeon ivre
et que tout change
ou peut-être était-ce la pluie
∼
Photo : LE LONG DU LAC * Au Parc Lafontaine, le 23 mai 2018
l’étang plus haut que d’habitude
et le vieil homme qui tremble un peu
la bonté comme un roc
dans l’eau de nos silences
en attendant je prie
qu’on ne me fauche pas l’espoir
tout ça
c’est toujours nous
à force des jours
et des autres
Photo : À COEUR SI TENDRE * Dans une ruelle du Mile End, 16 mai 2018
Un autre jour comme les autres.
Et pourtant pas.
La rivière des heures m’emporte.
J’allais vers la montagne
et j’ai bifurqué vers la foule.
J’ai eu envie de nos destins effrénés (je suppose).
Poser mes yeux sur la folie. Au lieu du vent et des arbres.
Va savoir pourquoi. Moi qui pourtant.
Un banc. Et le vent quand même.
*
Un jour on sait
qu’une goutte n’est jamais qu’une goutte.
Mais oh! la douce extase
how sweet the extasy
que celle de n’avoir rien à perdre
sous le soleil de mai.
*
En regardant les autres
je cherche le silence.
Mais quel silence?
Celui derrière le bruit?
Au fond de moi?
Universel?
Celui de la poésie surtout.
Le plus beau et le plus fuyant.
Je reviendrai peut-être
m’assoir sur ce même banc.
Sur le trottoir.
Devant le cafetier.
*
Et je suis allée voir Cécile.
Cécile qui n’y est plus vraiment.
Laissée seule le long d’un mur.
Le monde peut être dur à voir.
Photo : LA PART DU JOUR * Mai 2018, Montréal
La glace que l’eau fissure.
Et la brume enveloppée de soleil.
La rivière qui déferle. L’épervière qui appelle.
Et nos pas dans la neige profonde.
Je te l’ai dit déjà, mais nulle part ne m’a été aussi beau qu’ici.
C’est moi, peut-être. Et nous, sans doute.
Reste que j’y mourrais plus doucement qu’ailleurs. Ça, je sais.
Et ces plaques blanches sur les rochers, qui se fendent et qui glissent.
Tout va se fondre, dans le lac et la terre.
Et le ciel et les cimes. Et mon coeur qui prend tout.
Photo : PRINTEMPS BORÉAL * Lac Kénogami – 1 mai 2018