Je ne me rappelle pas grand-chose sinon qu’il y avait ce jour-là les rafales et le fleuve. C’est là que va ma tête. Je me souviens aussi que l’attente était belle. La vue du large et les grands vents, sans silence à briser. Un immense bateau bleu pour traverser l’hiver.
Photo : SUR LE FIL DU TEMPS * Janvier 2020 – Québec
Une toile plutôt qu’un poème – je ferais ça, oui. Mais entretemps, si tu voyais le temps. La neige qui remplit janvier. Autant de ciel et de béance. De contours blancs et clairs.
Devant l’ongle tordu, le pardon dans l’oubli. Rien à voir avec la vertu. Mon corps y puise au vent des jours.
De détruire à mesure tous les petits morceaux. Comme on fonçait l’hiver sur des grands bancs de neige. Il fallait être enfant, tu dis.
Je botte encore souvent de gros cailloux de glace.
Peut-être que je ressemble à celle qu’elle a été. Des habits noirs, dehors et en dedans. Sans doute le perméable. Et le coeur mis aussi pour laisser tomber la bâtisse. La peau comme les morceaux de pierre.
Sept soupirs au moins, et je sais qu’il entend. Comme des gouttes échappées sur une toile de mer. Cette histoire d’aimants, de fragile et de fort. Et d’y courir autant après le même soleil.
C’est peut-être le froid du monde, ou celui de janvier. Ou simplement ma tête, qui fait peine de tout doute.
T’avais quand même cent fois le droit de changer de trottoir.
Photo : LAURIER VERS L’EST * Janvier 2023 – Montréal