L’effet du sel

j’ai mis du sel dans ma mémoire
un peu de blanc un peu de noir
et pour autant de matins sourds
des nuits enveloppées de velours

j’ai mis du sel avec du vent
un peu de noir un peu de blanc
et pour autant de matins blêmes
des soirs d’amour et de bohème

j’ai mis du sel dans ma mémoire
un peu de blanc un peu de noir
j’ai mis du soleil et du vent
un peu de noir un peu de blanc

carolinedufourfisecsnab

CHANT D’AUTOMNE – Hier, quelque part à Montréal

L’impossible monogamie

ça y est, t’es parti
et les pieds nus sous mon bureau

j’ai le bout des orteils froids

la lumière est d’automne
comment ne pas l’aimer
mais quand même, tu vois
c’est toi mon vent
mon beau grand vent d’ivresse
qui verses chaude ta langueur
ton souffle humide, lent et pesant
et tant m’allèges par ta lourdeur
que je t’en aime infiniment
mon beau grand vent
mon vent’nivrant
te voilà reparti déjà
pourtant je te l’ai dit
et si éperdument
que moi qui n’ai marié personne
je me plierais à tes élans
m’en tiendrais à tes seules caresses
des plus douces jusqu’aux plus cruelles
et t’épouserais pour de bon
quand même encore tu m’abandonnes
froid’ment est le moins qu’on puisse dire
à mon sort de fille d’ici
tant pis si t’es encore parti
pour t’oublier en t’attendant
je me donnerai sans retenue
à tous les autres vents

Photo : SOLEIL D’AUTOMNE- Près de chez moi, il y a trois jours

Le seuil

j’ai fait le geste
et dit les mots qui venaient
on a marché
parce qu’on fait ça ensemble
l’instant le grand
est seul à se savoir
mais la présence
est comme le soleil sur les feuilles
indéniable
le reste on ne sait pas
l’effet le jeu le temps
ne nous appartient pas
si peu dépend de nous

le moment est l’objet

carolinedufourvifis

LÀ AVEC ELLE – Hier, près de chez moi

Ça s’est passé dans une ville tranquille

Après quelques heures à marcher ensemble, il est entré en lui disant qu’il allait faire une sieste. Pendant qu’il dort, elle écrit. Parce que c’est ce qu’elle aime faire sur le passage des jours. Entre marcher, manger, respirer, et tout le reste, l’amour y compris, entre tout ça, elle écrit. Quand il se réveillera, ils se feront à manger. Pendant que ça cuira, elle retournera écrire un peu. Et lui lira sans doute. Et un autre bout de leurs vies aura passé. Ni plus ni moins que ça.

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UN JOUR – Septembre 2016, Mile End

Perfetto

La perfection absolue. Ce serait quoi, la perfection absolue? Un vélo, un coin de rue, une femme qui traverse, ou n’importe quoi d’autre qui soit là et beau. Dans un endroit paisible.

Absolute perfection. What would absolute perfection be? A bike, a street corner, a woman crossing, or whatever else that’s there and beautiful. In a peaceful place.

Photo : LA FEMME AU VÉLO QUI TRAVERSAIT LA RUE
THE WOMAN WITH A BIKE WHO WAS CROSSING THE STREET
13 sept. 2016, Montréal

Le portier

Et bien sûr qu’il y a l’automne. Le milieu. Le bel entredeux. Par chance qu’il est là d’ailleurs, pour nous bercer, nous jouer l’intro, nous emmener dans sa fougue vers les rigueurs du froid. Comme un grand portier dans des habits de roi.

C’est vrai qu’il est beau ce pays.

LE LONG SEUIL – J’ai publié deux de ces photos déjà, en 2014 à la mi-octobre. L’automne avait été particulièrement généreux à Montréal. Il a tenu la porte ouverte longtemps, ses vents étaient doux et ses pluies légères.

Il s’agit de trois photos du mont Royal et d’une autre prise dans mon quartier. Cliquez pour y voir grand…

Les beaux écarts

Le vent froid caresse mes pieds sous la chaise. Par la fenêtre, la lumière et les feuilles me parlent aussi du temps qui change. Les verts de l’érable se réchauffent lentement et des orangés se pointent. L’hiver s’en vient. C’est comme ça ici.

Je vis dans un pays d’extrêmes. Et dans un monde d’extrêmes aussi. Où partout la vie se joue quelque part entre le noir et le blanc.

Un monde où le vent tourne.

Photo : PETIT CHAMP DE VILLE – Septembre 2016, Montréal

Les choses éphémères

Et la quiétude qui s’échappe un instant. Des pensées qui m’avalent. Ma tête qui s’emballe. Mais voilà que je la ramène doucement, ma tête, vers le bruit de la rue par la fenêtre. Et j’entends qu’il pleut. Une pluie légère, qui y fait tout.

L’air est bon. C’est une journée parfaite. De septembre, cette fois. Un septembre plus doux qu’à l’habitude. Avec cet air qui sent un peu, comme il y a quelques jours, la terre battue.

Un peu plus tard, quand le travail à faire sera fait, j’irai sur la montagne. Humer l’air de septembre. Qui ressemble à juillet. Sauf pour la lumière qui le traverse.

La vie est une suite d’éphémères. Et j’en suis.

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SEPTEMBRE SUR LE LAC – Lac aux castors, Mont Royal (Montréal)

La belle astuce

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Déjà elle était là. Déjà y avait la belle astuce. La tendre astuce. Cette vie qu’on inventait, que j’inventais. Et qu’on réinventait sans cesse, à mesure, pour pouvoir continuer d’y croire. Pour qu’elle reste belle à nos yeux et nous fasse rêver encore. Surtout qu’elle était tendre, cette vie. Pacifiste.

Le ciel est bleu ce matin. Et aujourd’hui toujours c’est elle. Elle, ma plus belle astuce. Belle, belle. Tendre, tendre. Et le rêve subsiste.

Photo : RÊVER LE MONDE – Fin août 2016, Montréal encore et toujours

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