Petite mort et tu l’auras

moi qui suis faite d’habitudes
je prends souvent les mêmes chemins
et mes chemins me connaissent

première vraie neige
petite tempête
mes yeux l’embrassent
mon coeur la sait
et si je me languis un peu
et mon désir aussi peut-être
c’est rien qu’un petit vent
dans la moisson d’un jour d’hiver
une petite mort
comme tant de petites morts avant
et de commencements

je m’en vais marcher dans la blanche
elle si belle qui tombe encore

carolinedufourtempauc

IL NEIGE PAR MA FENÊTRE – Ce matin, derrière chez moi

Belle brume

Jusque dans ses plus grands brouillards
la planète reste belle
et moi j’imagine
et je rêve
qu’à force de temps passé
à se faire guerres et tourments
peurs et orgueils s’étiolent
et on ne fait plus que danser

carolinedufourbrume

SATIN – Il y a deux jours, sur la montagne

Pensée d’un jour sans neige

Nous naissons. Nous mourons. Nous sommes tout pendant quelques années. Nous ne sommes rien pendant des millénaires. Philippe Claudel

une journée sublime par sa seule lumière – immense
une journée d’air froid et d’hiver sans neige
mais une journée parfaite quand même
et en marchant vers chez ma mère, je me suis entendue penser que tant que les bateaux s’empliront à coups de coeurs qui se vident et d’âmes qui se taisent, je tendrai l’oreille au poète avant de la tendre au marchand

a day sublime by its sheer light – huge
a day of cold air and snowless winter
but still a perfect day
and walking to my mother’s, I heard myself thinking that so long as boats are filled by way of hearts going empty and souls staying silent, my ear will go to the poet before going to the trader

Insoutenable la légèreté ?

même s’ils soufflent
à grands coups
chez les fins comme les fous
les vents de l’amertume
ne viennent plus
dans mes
nuits
pas plus que dans
mon lit les vents de la rancune
qu’ils aillent
souffler ailleurs et gâcher
d’autres vies
je n’offre plus ma peau
qu’aux vents chauds
amoureux
mon pas est plus léger
et là
dans l’instant
mon âme danse

carolinedufoursouch

GOING HOME – Tout à l’heure dans le métro

Assez pour la peine

j’ai croisé bien des hommes
que je n’ai pas enviés
à eux je n’ai rien dit
ça n’aurait pas servi
mais à chacun des autres
qui en valaient la peine
j’espère que je l’ai assez dit

I have met many men
that I did not envy
to them I said nothing
it would’ve been in vain
but to all the others
who were more than worthy
I hope that I said it enough

SOIR DE PLUIE  Rue D'Iberville, novembre 2015

SOIR DE PLUIE
Rue D’Iberville, novembre 2015

Désir

je l’ai grimpée
plus vite que d’habitude
mon envie d’elle toujours mais
là c’était pour lui
trop de jours et ce manque
jusqu’à supplier en montant
va pas trop vite j’ai dit
prends ton temps
garde-moi de l’ardeur
pour cette soif qui me brûle
j’arrive au grand tournant
celui avant le lac
le long et le dernier
qui lie les deux versants
attends-moi galarneau
quelques secondes encore
t’as été si absent
et moi qui te veux tant
à peine quelques pas
j’arrive j’y suis presque
ah ça y est me voilà
devant toi qui m’exauces

carolinedufourrachso3

CEPENDANT QU’IL DESCEND SUR L’AUTRE VERSANT – Rue Rachel, avant-hier, le mont Royal en arrière-plan

Gaby et le sublime

les rues sont noires d’eau, comme les trottoirs
la brique, le ciment, tout est foncé
j’y glisserai mes pieds tout à l’heure
pour aller voir Gaby
on sera heureux lui et moi
et puis ça m’fera fuir un peu
cette passion qui prend parfois
des airs de petite assassine
vas-y tue-moi que je lui dis
avec toi je suis si vivante…

MARIAGE MATINAL

c’est tout
comme un grand matin ordinaire
qui tout à fait me va
et si elle fraie un peu ma peine
si je l’ai laissée faire
c’est que j’y ai vu quelque chose
comme une ouverture vers la mer
mais l’autre
qui verse trop près de l’orage
et me souffle tourmente
elle je la tiens en joue
je veux garder mes gestes tendres
et mes belles errances
oui je le veux
ni rien qui ne soit à outrance
ni rien qui ne soit déjà là
que ça
juste ça
rien de moins que
ce sublime respir

LE GRAND MOUVEMENT

LE GRAND MOUVEMENT

Le vent me le dira

y a encore du vert dans la cour
qui perce à travers le rouille et le doré de l’automne
il pleut et c’est gris
j’arrive à voir la beauté mais
mes pas sont bêtes
le rideau est resté fermé
plus longtemps que d’habitude
mon geste se fait attendre
j’ai vidé et rempli la machine
le comptoir est propre
la lumière se penche doucement
et le vent, je le vois qui souffle
ce matin m’intimide
mais la cour est belle
et mon café est bon
et tout à l’heure
le vent s’en mêlera
et il me le dira
j’irai dehors

CE MATIN LA COUR - Rosemont Petite-Patrie, 2 décembre 2015

CE MATIN LA COUR – Rosemont Petite-Patrie, 2 décembre 2015

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