L’acquis et l’oubli

Je relance quelques lignes, comme on ferait d’un refrain.
Parce que mon coeur y est. Et que l’amour est sentinelle.

ce n’est qu’en reprenant cadence qu’elle eut vent des mots de sa mère
et puis de ceux de sa grand-mère et des amies de cette dernière
autant d’échos d’entre les arbres qui lui disaient d’être aux aguets
dans ces sentiers creusés par elles à grands coups de rêve et d’espoir
ces sentiers devenus pour elle autant de lieux de liberté

carolinedufourdessin2SUBLIME LIBERTÉ – Mont Royal, octobre 2013

Âme et placardage

Traces. Des traces.
J’aime les traces laissées par le temps.
Les rides. Les vieux murs. Les graffitis qui font leur vie.
Et quelqu’un qui passe devant, pour encore plus d’âme.

carolinedufourhommepench5Centre-ville de Montréal, octobre 2013

La petite veste rouge

L’odeur du temps était sublime.
La saison, à ses yeux, exaltante comme jamais.
Ainsi libre et tranquille, la belle partait souvent marcher dans la forêt.

Un jour, bercée par le bruissement des feuilles sous ses pas,
elle sentit au fond de la brise le parfum d’une menace.
Afin de mieux prêter l’oreille, elle ralentit.
Mais n’entendit que la rumeur de sa méprise.

Ce n’est qu’en reprenant cadence qu’elle eut vent des mots de sa mère.
Et puis de ceux de sa grand-mère et des amies de cette dernière.
Autant d’échos d’entre les arbres qui lui disaient d’être aux aguets.
Dans ces sentiers creusés par elles à grands coups de rêve et d’espoir.
Ces sentiers devenus pour elle autant de lieux de liberté.

Le temps étant ce qu’il est, l’histoire s’arrête là.
Elle ne dit pas si la belle fort au loup cria ou à sa rêverie retourna…

carolinedufourfillerouge6Sur le mont Royal – Octobre 2013

Dans la lumière du soir

Cette vie en ville.
Qui me donne à voir toutes ces belles images.
Comme celle-ci, d’il y a quelques jours.
D’enfants qui jouent en attendant les grands.
Et de toutou à l’humeur tendre qui se laisse faire.
J’étais là, secrète malgré moi, derrière une grande fenêtre de resto.
Libre de contempler l’instant. Et sa poésie.
Mise en lumière, comme pour un grand spectacle.

Et toujours, en arrière-plan, la liberté et la paix.
Le pacifisme profond et ancré qui nous berce.
Et dans les bras duquel on s’endort parfois un peu trop.
Du moins, il me semble.

carolinedufourparfenetre3va2Par une douce soirée d’octobre – Rosemont 2013

Rencontre

Hier, rue d’Iberville. Je marchais tranquille vers mon rendez-vous.
Un beau jeune homme attendait sur un coin. On s’est dit bonjour.
Il m’a demandé si le bus passait souvent à cet endroit.
M’a expliqué qu’il venait de le manquer. J’ai dit non, pas souvent.
Il m’a délicatement emboité le pas et on a fait un bout ensemble.
… du Burkina Faso… ici depuis un an… première fois dans le quartier…
Il était venu repérer l’endroit exact où il lui fallait se rendre
à dix heures ce matin pour une entrevue d’embauche.
On a échangé quelques mots sur nos vies. Presque rien, en fait.
Mais c’était chaleureux. Bourré de sourires et de bienveillance.
Au coin de la rue Mont-Royal, on a pris chacun notre chemin.
J’ai pris le mien avec le coeur délicieusement léger.
Je venais de me régaler d’une dose exquise d’humanité.

carolinedufouroctobreMont Royal – Octobre 2013

Matière noble

Un visage unique pour chaque vie humaine.
Une matière façonnée par les coups durs et les amours.

Mon beau Gaby. J’arrive de chez toi.
Toi aussi, ton visage me fascine.
Rieur, triste, accablé, enfant.
Autant d’échos de ton histoire. Qui dure depuis 85 ans.
Et dont je n’attrape que quelques bribes, à travers ce jargon qui t’appartient.
Heureusement pour moi, ton visage, lui, ne bredouille jamais.

carolinedufourdeuxvisages3corrDEUX VISAGES DANS LA FOULE – Centre-ville de Montréal – Octobre 2013

Double chance

Elle marchait main dans la main avec un monsieur à moustache.
Ils étaient beaux ensemble. Lui m’avait l’air d’un marin.
Et elle, en paix je dirais.

J’ai couru loin devant eux en feignant d’être pressée. Puis j’ai fait demi-tour.
Une fois bien en place, j’ai pointé vers de hautes fenêtres en attendant ma chance.
Bref, j’ai rusé, j’avoue. Elle m’inspirait trop pour que je n’essaie pas.

Et puis chez moi, je l’ai rendue méconnaissable. Parce qu’il le faut bien.
Par chance, il est plutôt facile de laisser de l’âme dans un visage.

carolinedufourdameLA DAME – Centre-ville de Montréal, automne 2013

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