Tu me parles d’un lieu que j’avais oublié. C’était pas une rivière, mais ç’aurait pu.
C’est dire un peu combien je peux perdre les choses. Ces temps-ci ça va même jusqu’au parfum des roses, aux histoires qui se trouvent à mes pieds. C’est que la vue d’ici reste étrange.
J’ai pris au moins trois fois la route vers tes mains. Je finirai bien par me rendre.
Je voudrais bien savoir, comme là la neige, tomber sur la vie sans fracas. Me poser doucement, dans une rue ou un champ, sur un beau matin blanc et tranquille.
Photo : LA MUSIQUE D’UN SOIR – Décembre 2021 – Petite Nation
Comme la vie sans doute, la poésie n’a ni à rendre heureux ni à faire pleurer. Elle n’a de raison seule que celle d’exister – et peut-être au détour de tenter la beauté.
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Photo : CAPTURE HEUREUSE D’UNE ROUTE D’HIVER – Décembre 2021 – Petite Nation
Tu frappes à ma porte. Avec une sorte d’harmonica. Et ce n’est ni Bach ni Dylan, mais encore toi, sifflant soufflant sur le monde.
J’attends que les choses se posent. Tu me dis de laisser venir. Et moi qui toujours voudrais bien, mais y a cet oiseau dans ma gorge, saisi, étonné par l’odeur autour.
Quand même, je reconnais ta voix. Claire et limpide. Comme un ambre solaire. Ne presse rien, tu dis, tiens-toi debout, avec ce quelque chose en toi qui ne fait mieux que d’errer.
Ce n’est pas du jazz non plus. Pas vraiment. Trop de peaux qui résonnent. C’est comme un rite, j’ai envie de dire autochtone. Comme un chemin qui se dessine. Devant la femme. Ou l’autre. Pas loin du même grand tambour.
On s’est sans doute devinés. Mais rendu là, c’est le ciel du soir qui décide.
Photo : ET LE VERT TENDRE – Décembre 2021 – Montréal