C’est pas souvent qu’elle parle autant, Simone. C’était hier, au café. Même qu’elle ruait dans les brancards, pis pas à peu près.
« Est-ce que t’embaucherais un historien, toi, pour enseigner l’éducation physique? Ou un joueur de football pour enseigner l’histoire? Non mais quand même. Dans un monde où la finalité n’est plus l’homme mais l’entreprise, on continue d’élire des clowns ambitieux. Ce que ça me dit moi, c’est qu’y a plus grand monde qui sait réfléchir. Et qu’il est grand temps de donner le pouvoir aux philosophes et aux poètes. Et même là, seulement à ceux d’entre eux qui aimeraient mieux ne pas l’avoir.
En attendant, ça fait longtemps qu’on aurait dû rayer de la liste certains prétendants. T’as fait une émission populaire où tu vendais du rêve? Tu peux pas. T’es à la tête d’une sorte de cartel médiatique? Tu peux pas. T’as une entreprise florissante qui fait travailler des Cambodgiens ? Tu peux pas. Et ainsi de suite, tu vois le genre.
Au final, pas besoin d’éplucher le monde. Il va nulle part, de toute manière. Par chance, ses printemps valent toute l’existence. Et les ruisseaux continuent de couler. Certains même jusqu’à nous. Comme si on était la mer. Un peu naïfs peut-être, mais toujours beaux, les ruisseaux. »
Elle perd jamais tout à fait espoir, mon amie Simone.
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Poésie et photographie
(Montréal, Québec)