Matin velours

Et ces livres qui traînent, un peu comme ma vie, rien de grave. Puisque rien près de moi ne l’est jamais vraiment. Des échos qui se croisent comme autant d’urgences de vivre. Et nos failles, je sais. Tous ces vides où se glisser pour entendre le bruit. Le bruit du monde et des jours.

Et la soie. La soie de la fleur et de toi. Jusqu’à sa rouille.

Tout ce fol inventé. Comme ce soleil, dehors. Ce plein de bleu et d’orangés. J’y serai tout à l’heure. Vivante, encore, d’être faite de doute.

 


Photo – LA FILLE AU MANTEAU DE VELOURS * Le 28 septembre 2019, Montréal

Le temps de le dire

devant les jours
et les lits des rivières
il est facile d’imaginer
le ravin clair
la feuille et son désir
le tourbillon des rires
et jusqu’au vent qui valse

sur les tronçons de l’âme
la harpe qui dégoutte
ses gouttes de nylon
et le temps de le dire

et l’érable qui rougit déjà
toujours
avant les autres autour
et ma déroute douce
où le soleil perce un peu
me berce

l’automne est beau
et je sais que j’aimerai
quand même et déjà
l’hiver
sa blancheur et sa lumière

 


Photo – AU BOUT DE LA MARCHE * Le 27 septembre 2019, Montréal

Ton regard

Un nœud dans la gorge.
Ne pas pouvoir aller te voir.
Ne plus pouvoir.
Un premier automne sans toi.
Sans ton regard.

 


Photo – AU COEUR DE CERTAINS FLOUS * Le 26 septembre 2019, Montréal

Long de ciel

C’est quand même le vent qui gagne,
me murmure la feuille.

Devinable, je me désole
de voir s’approcher l’hiver.
Joueuse, je me console
à beauté d’aube et d’automne.
C’est dire, encore,
combien j’ai long de ciel
pour regarder passer le temps.

Photo – HOMME, FILLETTE ET TROTTINETTE * Le 25 septembre 2019, Montréal

Espoir de clown

– Où est passée l’ivresse? me demanda un jour le clown.
– Euh…
– En fait, je voulais dire « où est passée la menthe » ?

Ça y est, les outardes s’éclatent au-dessus des maisons.
On a rentré les plantes au chaud.

Hier, en binant le jardin, j’ai trouvé un espoir.
Une petite pousse de menthe, de celle que je préfère.
Je pensais l’avoir perdue à cause du printemps froid.

 


Photo – CORDÉE D’AUTOMNE * Septembre 2019, Montréal

Autant que j’y suis

les notes roulent dans l’air
comme des clairs de ruisseau
et toujours ce désir
sous le ciel de l’automne

là où les mots étanchent ma soif
par une étrange fidélité
c’est l’appétit dans nos regards
qui me tient près

les années ne me mènent à rien
qu’à ce que j’ai versé sans attendre
mon souffle y passe jusqu’à l’aube
et les minutes belles

le feu dans l’ombre et dans l’ébat
même au plus perdant de l’attente
la lumière qui revient

j’y serai autant que j’y suis
désarmée et vivante

 


Photo – LE VISAGE  * Septembre 2019, Montréal

À l’abri de l’ombre

fin d’après-midi
on avait rendez-vous
j’ai trouvé pour t’attendre
un mur de ciment
un dernier recoin chaud
à l’abri de l’ombre
j’y serais restée encore
à regarder les gens
qui rentraient du travail
les rayons d’automne sont parfaits
pour y boire à fond le soleil

Photo – BÉTON * Mi-septembre 2019, Montréal

La beauté de l’une

Ne me cherche pas, dit-elle. Je resterai sauvage.
Mon coeur prend flamme trop vite.
Et mes jours, comme les tiens, sont comptés.
Alors n’attends rien de moi – que moi-même.
J’ai le coeur grand comme le monde. Et fragile comme lui.
Je sens déjà ton poids. Tout ton amour aussi.
Alors, ne me cherche pas. Tu m’as déjà trouvée.

Photo – UNE MISSIVE D’AUTOMNE (POUR A.) – Le 12 septembre 2019 * Montréal

No more posts.