D’autres regards que le sien, mais l’oeuvre d’une même pluie. Dans les décombres d’une saison, les objets oubliés sous le poids d’un poème. Sans parade ni substance. Toujours en dilettante, là où tient le désir.
Et les éclats de rouge. Les silences. Quand s’étoffe la faille, la vision de l’écart, du faux qui mène au mythe, à l’espèce qui déraille. C’est au verbe comme jamais qu’appartient la tempête. Il est rare qu’un miroir soit ainsi retourné. L’orage est plein de nous.
Entre le sable et l’air, le hasard n’y fait rien. Le corps suit la cadence, sur le bruit des mots et des heures. Et nos histoires qui roulent, comme des cailloux dans un ruisseau.
On trouvera bien une rivière, me dit-elle. En attendant, ce piano, c’est presque un pas vers l’aube.
PHOTO : DEPUIS LE CORPS, LA PLUIE – Montréal * Mai 2022
Deux petites roches. Et une plume. C’est ce que tu m’as rapporté. Comme les morceaux d’une dernière fois.
C’est vrai sans doute pour tous ces fils mêlés que je ne démêlerai pas. Et les eaux troubles que je contournerai. Mon corps préfère garder l’aurore. Et miser sur les heures au lieu d’une vérité.
Reste que sur la rive où sont morts les bouleaux, on aura vu ce que peut faire l’ennui.
Je ne saurai jamais grand-chose. Sinon mon amour des rivières. Et des fenêtres qui s’ouvrent sur la mer.
PHOTO : FENÊTRE D’UN THÉÂTRE – Montréal * Mai 2022
Le grand cheval se donne, ou s’abandonne, jusqu’à ce que l’anneau lâche. C’est toute la beauté, toute l’absence aussi. Comme avec les passants d’hier.
Et tu m’auras vue faire – le soleil était bon, mais au fond je me tais.
Depuis le temps quand même, le drageon du pommier est devenu un arbre. Et à côté de lui, les pivoines de Florence me mènent à son visage, à sa gaieté des derniers jours. Et vers cette part de moi que j’avais vue chez elle. Celle-là qui s’insurge devant nos états disloqués.
Rue Saint-Laurent. Un couple. Quelques pas derrière eux, un petit garçon s’amuse avec une ficelle. Juste derrière encore, un homme marche. Tout ça, par la fenêtre. Je suis là à écrire, dans un petit café, sans y arriver vraiment. La basse est trop pesante. Ou est-ce l’autre bruit, le battement régulier, campé au milieu des silences pour mieux se faire entendre. Ce même bruit de temps qui passe.
PHOTO : APRÈS UN COUP D’EAU – Vieux Montréal * Avril 2022