la division est
dépassée et
pourtant à son comble
il est usé le jeu
de vaincre
il en revient à l’aube
et au souffle vivant
Photo – MUR ET FLEURS * Hier – Montréal 2020
Bien sûr, elle y a vu l’histoire. Exactement comme elle était.
Accrochée ou pas aux grands éclats du monde.
Elle y est passée tout d’envers. Sans endroit.
Le corps béant, n’y attendant que l’attendu.
De ce qui était là, l’oiseau, l’arbre et le reste.
Et par la mémoire du volcan, elle a vu des orbes d’atomes.
Et aimé des femmes fantômes.
Sa légèreté reste incertaine.
On pense qu’elle riait en soufflant
sur les grands carreaux flous.
Il y a eu beaucoup de pluie tandis qu’elle était là.
On lui disait le ciel. Et qu’on assoit le soir pour y toucher le temps.
Pourtant sur elle jusqu’à la fin, le soleil s’est levé. Sans demander sa part.
Y’avait en bleu, tatoué sur sa main :
le monde est un chapeau qui prête à l’illusion.
Photo – UN VENT DU JAPON * Juillet 2020 – Montréal
Je l’ai vu pousser l’herbe et le chemin d’allant.
C’était beau dès le départ. Avec son coeur qui dépassait.
On s’irradie dans le jour blanc. Pendant ce temps,
le violon joue. Et ce matin encore, je me suis laissée prendre.
Des petits coups et des grands pas. Jusqu’à entendre
ce qui n’est pas la guerre. Toutes les cellules qui se balancent
sur le navire de l’aube. Toujours le même, mais jamais.
Et c’était l’heure d’aller nulle part.
Photo – SUR UN PALIER DE VILLE * Juillet 2020 – Montréal
j’ai vu dans les embruns
tout ce qui sépare
le ciel de la terre
la fin du début
et ton âme de la mienne
et dans la même poussière d’eau
j’ai vu le beau de l’incertain
la folle mouvance des rivières
qui étreignent déjà les grands fleuves
et leur chemin vers la mer
Photo – SUR LE FIL DE L’EAU * Juillet 2020 – Ripon
Ma nostalgie déjà.
Comme si quelque chose de perdu.
Mais ma tristesse n’est pas plus grande que celle de l’oiseau.
Te faut me voir quand je boussole par-delà mon errance.
C’est vrai que j’aime aussi la brume. Et que j’y viens toujours
à grands coups de beauté, même quand la mer tombe.
Je m’abstrais de la vague pour l’ange de l’inférence.
Pour ses plus beaux enfants jusque dans ses fosses à mourir.
Et quand mes yeux se brûlent sur la flamme du monde, je vole.
Photo – LE BEL OISEAU SUR LE TROTTOIR * Juillet 2020 – Montréal
un corps au clair
ou au lointain
quelque chose de noyant
s’en est pris à mon arbre
même si la veine est immobile
elle y boit tout le ciel
dans les échos de la terre noire
et le portant du jour
l’eau se forge un battant d’espoir
toujours la même boue qui s’avance
et le rêve du même jardin
un limon riche de confiance
ouvert sur la fin
comme le commencement
Photo – BEAUTÉ HUMIDE * Juillet 2020 – Ripon
T’as eu envie du soir.
Et de sentir le temps qui bouge.
Comme un coeur en désert, sur le pas des vivants.
T’as marché du seuil au venant.
En te coulant dans la tempête pour y trouver le puits.
Tu rêvais de grands éléphants.
T’as trouvé une rivière, émaillée de veines sauvages.
C’est quand même nos chairs qui se butent.
Pour y cueillir les jours d’une histoire à écrire.
Photo – ALLONGEMENT DE CORPS, ET MAIN SUR L’INVISIBLE * Juillet 2020 – Ripon
Drapé, le soir.
Et dans le découvert des heures, il y avait ma joue.
Mouillée de bruine par les nocturnes électriques.
Parce que le ciel toujours y tangue.
Sans jamais divorcer du sombre ni du beau.
Et en dessous, nos jardins qui suffoquent.
Si pleins de leur désir vivant.
Des fleurs calées sur d’autres horizons.
À commencer par l’aube.
Photo – POUR TOUS NOS TENDRES MOMENTS * Juillet 2020 – Ripon