Les hautes herbes

Quand nous étions petites, dans l’est de Montréal,
il y avait de grands champs juste à côté de la maison.
Bourrés de hautes herbes, comme celui-ci.
Pendant quelques années, jusqu’à ce qu’il s’y construise des blocs,
on y a joué, mes soeurs et moi.

Il pleut ce matin. Et elle dort. Paisiblement, on dirait.
C’était un grand pont à traverser, hier.

Les plus forts ne sont pas toujours ceux qu’on pense.
On juge. On méprise même parfois.
Les moins ambitieux. Les moins tapageurs.
Ceux qu’on considère comme moins intelligents que soi.
Ceux qui aiment sans prétention.
Qui donnent sans attendre en retour.
Et qui prennent ce qu’on leur donne, sans plus, avec humilité.
Et vlan!

Ton sac à dos est lourd, je sais.
Donne-m’en un peu, j’ai de la place dans le mien.
Toute cette souffrance qui te tombe dessus.
Et ton courage, je sais pas si je l’aurais.

ENSEMBLE DANS LA FRICHE -  Champ des possibles, Montréal, 12 juin 2014

ENSEMBLE DANS LA FRICHE – Champ des possibles, Montréal, 12 juin 2014

L’apaisement

un beau mardi de printemps
où Coeur, à tâtons, cherche la mesure
le chemin à prendre
dans les méandres d’une histoire humaine
une histoire banale à l’échelle du monde
mais pas à l’échelle d’une vie

on y arrivera, dit Conscience
Corps, mieux reposé ce matin, abonde dans le même sens : oui, je sais
et Coeur, apaisé, retrouve les bras de la confiance

et depuis quelques jours, les roses
leur odeur, à laquelle je ne résiste jamais
plus enivrante encore que celle du lilas
je reconnais souvent de loin les rosiers les plus suaves
quand je passe près d’eux, les indigènes surtout
je colle mon nez contre une fleur et j’aspire un bon coup
ou j’en prends une, comme hier, pour faire durer longtemps

JOUR DE PLUIE - Viaduc St-Laurent - Juin 2014

JOUR DE PLUIE – Viaduc St-Laurent – Juin 2014

La faille et la force

C’en est un autre beau.
Parmi ceux qui règnent silencieusement sur la ville.
Sur une belle rue de Rosemont.
Je l’admire, chaque fois que je reviens de chez ma mère.
Il est époustouflant.

Encore ce matin, je pense à ma soeur.
Je pars chez mon oncle, comme tous les lundis.
J’essaie de me débrouiller avec cette sensibilité
qui semble être à la fois ma force et ma faille.

Mes branches intérieures, comme celles d’un arbre.
Et la foudre parfois qui frappe.
Et le vent qui fouette.

Je t’aime, ma soeur.

L'AUTRE GÉANT - Hier, dans Rosemont

L’AUTRE GÉANT – Hier, dans Rosemont

Le mois des longs jours

C’est une belle journée.
Pour moi, parmi les plus belles de l’année.
J’irai marcher plus tard aujourd’hui.
Avec ma bonne amie Anne, revenue de Turquie.
Mais j’irai voir mon oncle avant.
Je penserai à ma soeur aussi, à l’hôpital depuis quelques jours. Et à ma tante.
Pas trop quand même, parfois j’ai tendance, mais ça sert à rien.
Et j’essaierai autant que je peux d’être dans la gratitude.
De voir ce que j’ai, ce qui est là.
De un, c’est juin. Les jours sont longs. Comme je les aime.

MONTER LA MONTAGNE - Début mai, Montréal

MONTER LA MONTAGNE – Début mai, Montréal

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