Janvier qui se ressemble

et ce grand noir et blanc sur le mur de la chambre
un Salgado que j’aime toujours autant

mon café est parfait

et devant les maisons
la neige qui reste là

janvier qui se ressemble

t’as raison que le temps n’arrête pas la danse

Photo : SE PARTAGER LA ROUTE – Janvier 2021 * Montréal

Et pareil les corps figés

pour une fois c’est toi que j’entends
qui chantes la neige /
de mon côté de la grande eau
je trouve aussi dans la blancheur
le beau sens des jours / et pareil les corps figés
devant le champ de ronces / la même peur
de la déchirure / et tous ces dos tournés
à la forêt qui brûle

Photo : LUMIÈRE DU SOIR – Janvier 2021 * Montréal


À deux pas
Mais t’es où? Météo
Du port, on voit
D’abord le vent qui frise la mer
Les rives sont désertées
Quand arrive le grand air des tempêtes.
La nuit noire souffle alors en bourrasques
& les jours, qu’on croyait se répéter sans fin,
prennent un gout de naufrage.
Ici, le temps n’arrête pas la danse & on vit le climat.
De l’eau, de l’air & les vagues qui claquent.
La nature qui s’accroche en lichens
& les arbres poussent adossés au vent.
La neige est très loin dans les mémoires
Le gel, le grésil, la grêle, quelquefois.
⚪️⚪️⚪️⚪️
🌬Amical mirliton
🌑🌑🌑🌑

Humanus

ce qui nous manque
ressemble à une main
posée sur la blessure

c’est qu’on s’égare, non?
mais ce serait parler d’une douleur
qui n’est pas à la mode

j’entends l’appel et j’y réponds
mes pieds sur le béton
le long des bâtiments

je regarde et nous vois
chacun et personne
nulle part et partout

tous ces corps qui se taisent
à l’idée de se perdre

Photo : QUATUOR – Janvier 2021 * Montréal

Le doux parfum

par ma fenêtre un paysage
de ville et de neige

j’irai dehors tantôt
dans le baiser glacial de l’air
humer dans la blancheur
face à l’absurde et aux temps lourds
le doux parfum du jour

·


Photo : MONTRÉAL MA BELLE ET VIVE – Janvier 2021

Bribes d’un dimanche

La science se doit d’être poétique.
Puisque la nature l’est.


De mes jours,
je pourrais ne dire que le triste.
Mais j’écris d’abord pour moi.
Pour conjurer les grandes vagues.
Qu’elles n’emportent pas tout
de mon bonheur d’y être.


Et encore cette femme qui chante.
Ce quelque chose dans sa voix.
D’entre ces lieux où je me berce.
Où je me sens tranquille.


L’océan porte les bateaux.
Et nos âmes le monde.

Photo : POUR Y VOIR – Janvier 2021 * Montréal

Cadeaux

Hier, sur mon chemin du jour, un cadeau m’attendait.

Dans une de ces grosses boîtes de bois où les gens laissent des livres qu’ils veulent passer à d’autres, quelqu’un en avait laissé un sur l’oeuvre gravé de Giacometti. Un livre acheté au Musée des Beaux-Arts de Montréal, en août 1998. La facture est encore dedans.

On y voit des lithographies surtout, et quelques eaux-fortes. Quelques textes aussi, certains de sa propre main, dont cette phrase « Je ne crée pas pour réaliser de belles peintures ou de belles sculptures. L’art ce n’est qu’un moyen de voir. »  Du bonbon pour mon âme.

Parmi les textes écrits par d’autres, se trouve celui-ci de Jean Genet « Je ne pense pas que Alberto Giacometti ait porté une fois, une seule fois de sa vie, sur un être ou sur une chose un regard méprisant. Chacun doit lui apparaître dans sa plus précieuse solitude. »  En lisant ces mots, j’ai pensé mon père. À sa tristesse trop grande mêlée à sa joie trop profonde pour que le mépris trouve une place. Jamais je n’en ai vu dans ses yeux. Un des cadeaux de mon enfance.

·


Photo : Tête de jeune homme et Autoportrait (lithographies) GIACOMETTI – Maeght Éditeur * Collection Carnets de Voyage

Sans rancune, le sens

Tout finit par mourir, excepté la conscience qui témoigne pour la vie.
René Char

dis-moi ce silence dehors

j’ai mis un violon une voix
de quoi remplir l’espace

mais dis-le-moi quand même

quand on sait à peine la danse
à peine l’errance
de vivre et de mourir

et d’aussi loin que la mémoire
tout ce désir de l’autre

Photo : DE MA FENÊTRE ARRIÈRE – 17 Janvier 2021 * Montréal

Le souffle des autres

cette lumière presque impossible
de l’hiver
la neige qui luit sur le petit toit du balcon
et le ciel bleu diamant

rien n’a changé alors
que la mise en veille du souffle des autres
et la stupeur devant ce qui était possible

Photo : LE POIDS DE LA TEMPÊTE – 16 janvier 2021 * Montréal

Et de nos corps

Furtive poésie.
Mon désir d’elle qui me sauve.
De sa rivière où nager plus nue que la veille
dans les courants du monde.

quand même la source est gorgée
de fracas et de gloires
et de blanc contre noir

un détour de plus dans le rêve
qui reste maladroit
de ces amours sans fard
et de nos corps sans y penser

et le vent qui garde la flamme
aussi brûlante que belle

Photo : UN MORCEAU DE JANVIER – Montréal 2021

Du temps de se taire

De nos corps électriques, le tien l’était le moins.
Si elle s’arrêtait là, l’histoire finissait bien.
Du moins, il m’a semblé.

de ma fenêtre
le ciel
le blanc de la neige
les voitures givrées
et le vide dans l’air

il paraît que l’amour
tiendrait à l’idée qu’on se fait
de vivre et de mourir

parle-moi quand même du corps
dans la nuit qui t’attend

de ces heures sans tristesse –
quand elle n’a nulle part où aller

et du temps de se taire
pour continuer d’aimer

·


Photo : L’HOMME QUI MARCHAIT – 7 janvier 2021 * Champ des possibles – Montréal

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