Les belles impatiences

Tandis que l’étourneau retrouve les parterres, le vent vient fouetter le matin.
Entre les fleurs jaunes et la rue, une petite voiture bleue que je n’ai jamais vue. Sur le balcon de S traîne encore une pelle, rouge comme un camion de pompier. Peut-être qu’il n’ose pas la ranger.
Dans toute l’impossibilité qui se découpe, il reste des oiseaux, des arbres et des abîmes. La beauté s’est nourrie sans qu’on ait à y faire. Sur une rive ou sur l’autre, le désir persiste, de paresse et d’urgence.
Si le vent arrivait à faire ce qu’il veut de mon corps, tu verrais quelques os éparpillés dans l’aube – des fragments de manques et d’absences. Et un sang vif et impatient, assez pour que monte une sève.
Le jour où j’ai pensé que j’y traçais le paysage, c’était lui qui me dessinait.

Photo – LA PLUME TURQUOISE * Avril 2024 – Montréal


« Je suis, je me le répétais, je suis du côté de l’œuvre. Je crois que le pourquoi et le comment de l’œuvre, si futiles, inutiles et impuissants soient-ils, sont dans l’œuvre où ils sont entièrement montrés. »  Suzanne Jacob

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