La folle du logis

Je me revois, dit Laure, à la cime du pommier. Trois bouts de branche arrondis, trois larmes sur mes pieds. Quand j’ai compris, je suis redescendue. J’ai enjambé à toute vitesse les marches du vieil escalier. Et j’ai caché le bois avant qu’on ne me voie.

C’est la folle du logis, dit Maude. La plus chantante des chantées. Aussi désenchantée soit-elle.

Et pendant ce temps dans la cour, le transplanté sauvage met du temps à se rhabiller. Je l’ai mis au pied du bouleau. Je me demande si au moins, il s’enracine un peu.

C’est pour encore la même histoire. Sans rien savoir ni rien y voir. Rien que pour la musique.

Photo : MUR-MONDE – Avant-hier * Montréal

Carbo

Ou c’est ma ville qui boit trop ou c’est moi qui ne
sais pas voir. Et pourtant là les feuilles. Qui font encore
trembler le vent et danser ma mémoire.

J’ai ramassé une dizaine de bractées sur le plancher.
Je sortirai bientôt la plante mais il fait souvent froid encore.
Alors j’attends. Le moment qui sera le bon. Pour ce que j’en sais.

Dans l’intervalle, j’aligne les papiers roses le long de la fenêtre.

J’aime la ligne floue. Comme d’entre les ressemblances,
le charbon dans nos veines. Quand les deux on a trouvé belle
la noirceur du bois brûlé.

Photo : SOFT RAIN – 31 mai 2025 * Montréal

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