Les lèvres du vent

On se fait une idée de la valse invisible.
Même si dans l’infini, comme le chante Margot,
toutes les dents y tombent, les leurs comme les nôtres.

Dis-moi sinon : de la gorge serrée ou la rose fanée,
laquelle se demande si c’est elle ou le monde ?

D’autant que là où il était question d’oiseaux,
avant que tu tournes la page, j’ai lu pleurs au lieu de pâleurs.

Quand même ici, par les lèvres ouvertes du vent, j’arrive à sentir l’océan.
Raison de plus d’aimer l’orage.

Ne manque plus que le tableau.

Photo : UN CANARD – Juillet 2024 * Laurentides

La tendresse de Margot

– Pourquoi je voudrais autre chose, me dit Margot. Il y a des arbres, il y a du vent, et le bruit de l’eau sur la tôle. 
Elle alla s’assoir sur le banc. Celui en dessous du pommier.
– Il me donnera encore des pommes. Des petites pommes, de belles pommes, je crois même plus que l’an dernier. Il n’attendra pas après moi pour se vouer à ce qu’il est.
Elle tapa deux coups sur le bois pour que je vienne m’assoir près d’elle.
– Reviendras-tu avant l’automne me tendre un petit bout de toi, de tes amours de voie ferrée, et goûter un peu à mes pommes?
Je n’ai rien dit.
Margot voit loin et n’attend rien. Elle sourit surtout à belles dents. Au matin comme à moi.

Photo : JUSTE APRÈS LA PLUIE – Juin 2024 * Petite Nation

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