Goldberg Morning

Sept heures du matin. Je l’ai aperçue de très loin, de très haut dans la ville. C’était la belle histoire. Tout dire et ne rien dire en passant par l’aurore remplie d’autant de neige. Le ciel et sa peau blanche, mouillée d’autant de jours, la même histoire d’amour. Et soudain dans ma tête des mots surgissent de nulle part. Good Morning America, dit la voix. Le titre d’un talk-show aux USA. Un titre qui à force de temps a pris des airs de locution.
     Mon cerveau est une drôle de bête. Mais je dirai à sa défense qu’en sortant du lit ce matin je pensais à San Francisco. Aux quelques jours que j’ai passés dans cette ville en pentes, avec ses maisons pâles, ses cafés à se vivre. Du temps où le mot liberté avait tout le poids de l’amour, et quand s’en réclamer ne sous-entendait pas qu’on veuille arracher celle de l’autre.
     Il m’arrive de m’en vouloir. De ne pas, de ne plus, dire le fond de ma pensée. De me cacher derrière les mots. De me taire de plus en plus fort. Et tout ça pour être tranquille, loin de la polémique. Tout ça pour apaiser mes heures.
     J’écoute Gould. Je ferme les yeux et je suis dans son corps, et dans ses mains. Et je suis bien. Un peu triste, mais bien.

Photo : LE TEMPS DE VIVRE * Avant-hier – Montréal

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