En marge, tu dis. Mais de quoi.
De toute manière, ça ne pourra jamais être qu’un récit rapiécé. Fait de ce qui m’a précédée dans l’emboîtement des jours. Avec sur le bout de la langue un grain de chair inassouvi.
Là dans l’instant, la rue est brune, encore mouillée par la pluie. Dans la lumière du matin, sa couleur se confond avec celle du tronc de l’érable. Le long de la ligne du rideau, je vois les fleurs d’échinacée, le vert des tout petits parterres, et juste là, une fille qui court.
Le bruit est celui de la ville. Depuis une heure, au premier plan, c’est une machine sur un toit de l’autre côté de la rue. Alors j’ai fermé la fenêtre.
J’invente sans inventer. Je m’appuie sur l’instant, je bois une gorgée de café. Les pas de la fille d’en haut me ramènent soudain à l’endroit où j’ai rencontré M. C’était une vieille maison aux appartements délabrés, avec des murs et des planchers de ceux qu’on dit faits de carton. Je l’entendais souvent jouer de la guitare. Et faire l’amour avec des filles, rarement deux fois la même. Mon sommeil étant ce qu’il était, même les souris me réveillaient. Je l’espionnais un peu, c’était devenu une habitude. Sans même avoir vu son visage, je me disais qu’un jour, il serait mon amant.
La rue est sèche maintenant et des ombres se sont tracées. La journée sera chaude, et ensoleillée. Du moins, c’est ce qu’ils disent.

Photo : NOS HISTOIRES – Hier, Montréal
c’est ce qu’ils disent.
merci Caroline
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merci Dominique
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❤ ❤ ❤
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« J’invente sans inventer. Je m’appuie sur l’instant, je bois une gorgée de café. » Ainsi naissent certains livres… Ici, un texte comme une promesse…
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Merci Philippe…
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