Simple constat

C’est peut-être une question de rien. Ou de tout. Je sais seulement qu’elle était là, à s’abreuver intensément. Comme au milieu d’une course. Pourtant, il ne faisait pas chaud. Et elle n’était pas à vélo. À pied, comme moi. Je l’ai regardée boire en faisant semblant d’être ailleurs. J’ai visé en hauteur avec mon objectif pour donner l’impression que je prenais le ciel. Elle ressemblait tant à ma soeur, mais ça ne pouvait pas être elle.
Et ce matin, le ciel est bleu. Bleu comme autant de jours d’octobre, ou presque. L’automne a été fabuleux. Je ne l’oublierai pas. Ni cette langueur qui me tient, comme une mélancolie. Une peine installée d’avance devant tout ce que j’aime et tout ce qu’un jour je perdrai.
C’est triste à publier, dit Maude. Mais j’en suis là. À ces constats de femme plus vieille qui regarde le monde en se voyant déjà partie. Ce n’est pas lourd, c’est seulement un constat. Que le temps passe et qu’il ne s’arrête jamais.
Et là, les feuilles. Dans la fenêtre à droite. L’érable en feu, qui s’abandonne au vent. C’est lui qui m’apprend tout. Ou presque.

Photo – BELLES PRÉSENCES * Octobre 2025 – Montréal

7 réponses à Simple constat

  1. ce matin encore

    la fenêtre respire à ma place

    tout est clair

    presque trop clair

    les feuilles se détachent

    comme des pensées anciennes

    je ne sais plus vraiment

    ce que je regarde

    ni ce que je perds –

    Merci

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