Valse d’automne

Il y a du vin plus souvent sur la table.
Et le bouquet d’hier qui se fane déjà.

L’ermitage nous glissera sans doute entre les doigts.
Et l’autre que j’aimais est bel et bien perdu.

Heureusement que je joue avec les vents du coeur.
Un jour c’est mieux ici. Un jour c’est ailleurs.

Je peux bien vivre là, sous le ciel et les arbres.
D’autant qu’où que je sois, l’automne aura sa valse.

Photo : CITY HEARTS * Novembre 2021 – Montréal

D’un certain silence

ça bouge à peine
et encore
c’est tout le sang d’automne
qui pénètre mes veines

j’y reste
déçue

est-ce qu’on se fait jamais
à ces enfouissements

et toutes ces ambitions que je ne comprends pas

quand même d’errer dans ma ville
errer pour errer

Photo : LIANT DE PAPIER * Novembre 2021 – Montréal

Un monde ou un miracle

J’ai d’abord vu ma mère. Après, loin dans la brume, quatre grands peupliers. Avec une rivière en cascades tout près d’une maison où dormait une enfant dans les bras d’une femme.

Et là cette pluie de feuilles dans la lumière folle. Un monde ou un miracle, ce serait pareil. J’y revois même ce jour où le vent s’est levé d’un coup. Je ramassais du bois de grève et toi tu coupais l’arbre, mort depuis bien des années.

C’est encore mes yeux et ma peau, et la vie qui respire. Mais dis-moi, quand même, est-ce que la beauté nous disloque, moi et mon corps d’orgueil?

Photo : SUR UN MORCEAU DE JOUR * Novembre 2021 – Montréal

Les feuilles tendres

Me revoilà encore à y brasser l’histoire
de ces âmes qui veillent au beau des bois venants.
J’enfile des sarabandes à même les notes noires
pour qu’au bord des failles tombent des feuilles tendres.

Parce que c’est long, si long d’un matin à venir.
À l’heure du désoeuvrement, ça fait long d’une nuit
à y attendre l’aube.

Vas-y dormir un peu, dit-elle,
avant de déserter tous les lieux de l’espoir.
Demain, t’iras marcher. Et le jour saura.

Photo : CARESSE D’UNE FIN DE JOUR * Novembre 2021 – Montréal

D’ici là

tu m’envoies la photo d’une petite grange –
et moi fidèle à moi j’y vois une maison

pour les coeurs sans cuirasse
l’errance ouvre le jour –
le fleuve te ressemble

ici, la ville s’est envoyé
une longue journée de pluie
les rues sont couvertes de jaune

même devant la feuille qui tombe
le vent ne retient rien –

tout ce qui serait vain 

et là un grand oiseau – je ne
l’aurais pas vu du temps de l’arbre bas

il volait seul, plus près du ciel

Photo : FEMME * Hier – Montréal 2021

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