UNE TOMATE POUR DÉJEUNER

Il s’éveilla reposé. La chambre était plongée dans le noir, sauf pour un filet de lumière qui traversait le plancher depuis la fente du rideau.

Il sauta dans la douche et finit avec un bon coup d’eau froide, content de pouvoir jouir d’un jet fort et vivifiant. Il s’habilla vite et fonça dehors. L’air chaud sur sa peau et la hauteur du soleil lui firent comprendre que le matin était déjà avancé. Ne voyant personne autour, il fit quelques pas sur l’allée d’ardoise, cueillit le premier gros fruit rouge qui s’offrait à lui, et le mangea avec bonheur en laissant son regard errer au hasard.

Le lieu était plus charmant qu’il ne l’avait cru la veille. Dans la lumière du jour, les murs de la chapelle délabrée prenaient une allure poétique. Deux arbres énormes se penchaient sur la moitié de la cour, comme pour la protéger. Quant au potager, savamment clairsemé de fleurs sauvages et d’herbes hautes, il semblait parfaitement exposé. On sentait partout la présence d’une main aimante.

Il arriva tranquillement au bout du bâtiment, où le terrain montait en pente. Une barrière était entrouverte, comme une invitation. Il la franchit et grimpa sans réfléchir. Enlacées dans un hamac tendu entre deux arbres, il reconnut la serveuse et la fillette du bistro. Les deux semblaient dormir paisiblement. Il sentit sa poitrine se serrer et, retenant son souffle, il recula d’un pas et s’enfuit comme un voleur.

Il retourna à sa chambre et s’étendit sur le lit. Au bout d’un moment, il alluma son cellulaire et vit qu’on lui avait laissé plusieurs messages. Il allait les prendre, mais se ravisa. Il attendrait quelques heures encore avant de réintégrer sa vie.

LA BUTTE

LA BUTTE

11 réponses à UNE TOMATE POUR DÉJEUNER

  1. I find fantastic this world of almost not pronounced words, but with so may words implicit in those silences… There is a mystery I’ll love to continue reading. Thanks Caroline, greetings.

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    • Caroline D – Auteur

      I am touched that you go through my writings in spite the language barrier. And I sense that, through resonance and words translated, you do succeed in touching their intention. Thank you, Francis.

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      • Actually I can directly read in French easier prose than poetry… just a few words I need to translate. A big smile and a thanks for share Caroline, there is no such barrier when beauty is the subject.

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