La musique des jours

J’aime les bruits ambiants, des cafés, de la rue.

Je ne me souviens que d’une fois où je suis partie marcher les écouteurs sur les oreilles. Je venais de découvrir Kelly Joe Phelps, son album Slingshot Professionals. Je l’ai fait jouer en boucle tout le temps que j’étais sur la montagne, et pour m’y rendre et en revenir. Mes larmes ont coulé souvent ce jour-là. Sa voix venait me chercher loin. Je l’ai vu en spectacle à Paris, quelques mois plus tard. Au New Morning. C’était en 2003.

Là, ce matin, c’est si petit ici, j’entends les boulangers. Ingrédients secs… quiche… ah oui, hier soir, j’ai… ah cool… Et le bruit de leurs outils entre les mots qu’ils se disent. Je ne suis pas curieuse, je n’écoute pas les conversations des autres. Ce n’est pas de la pudeur, seulement une question de caractère, ma tête va ailleurs que là. Mais je me laisse bercer par les voix humaines. Et j’aime les bords de fenêtre aussi. D’où je peux voir passer les gens, seuls ou pas, pressés ou non, souriants ou tristes, et accablés parfois bien sûr.

Quoi qu’il en soit, j’aime être assise ici à écrire et à regarder le monde.

carolinedufourchelum3

Dans l’incommensurable lumière de certains jours d’hiver * HIER sur la rue Cherrier

23 réponses à La musique des jours

  1. 'vy

    Il fait lumière chez toi, c’est vrai, et c’est beau. Ce soir, enfin il y a quelques deux-trois heures je me suis gavée de bruit, de gestes, d’ambiance un peu folle, et figure-toi que j’y étais bien. J’ai un peu emporté tout ça avec moi. On y est bien, ‘ce pas, à regarder le monde bouger, bruire et tanguer.
    Je ne connais pas Kelly Joe Phelps, demain je vais écouter. Là, je dors.

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  2. gilles l.

    Ces temps-ci j’aimerais avoir un bord de fenêtre où il se passe quelque chose de l’autre côté de la vitre. Heureusement la fenêtre de mon ordi me nourrit de temps en temps. Merci.

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  3. Cette photo me fait souvenir de Chicago, il y a des rues qui ressemblent à celle-ci l’hiver, avec ces escaliers métalliques. Pour moi non plus, jamais d’écouteurs dans la rue. J’ai le sentiment que ça fausse mon regard. En revanche, j’adore écouter les conversations, dans le métro, aux terrasses de café, et parfois même j’interviens lorsque la conversation m’intéresse (rarement mais je suis devenu avec l’âge plus interventionniste, plus aventureux vis à vis des autres que je ne l’étais).

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    • 'vy

      Moi aussi, je me permets d’intervenir quand ça me parait nécessaire (souvent quand les gens se posent des questions, cherchent quelque chose). Je suis bien contente que tu le fasses, parce que je ne vois personne d’autre le faire alors je me demande si c’est pas un peu indiscret… Par contre, l’autre jour, je mangeais un sandwich dans un café et il n’y avait plus de place, un homme m’a demandé s’il pouvait se mettre en face de moi, bien sûr… et j’aurais trouvé normal de papoter un peu, il avait l’air sympa, mais j’ai pas osé. Est-ce que ça peut se faire, ça ? Est-ce que ce ne serait pas normal qu’on puisse parler à l’autre, sans le déranger, bien sûr ?
      C’est drôle cette histoire d’écouteurs dans la rue, je n’en portais plus depuis des années et depuis les attentats de novembre, j’ai eu le besoin de les remettre.

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      • Avant, je n’osais pas. Maintenant, je n’hésite plus. Sans insister bien sur. Je tends une perche, voilà tout. Mais la plupart du temps, mes interlocuteurs (bon, plus souvent trices, j’avoue que je préfère aborder des femmes, mais sans ambiguïté aucune) se montrent amènes.

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      • 'vy

        J’aime bien ces rencontres impromptues qui ne vont vers rien d’autre que le plaisir de sourire, d’échanger quelques mots, je trouve qu’elles enrichissent une journée. Et quand je n’ose pas comme l’autre jour, il y a un manqué qui s’installe.

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  4. jérôme

    Ton bel article me fait penser à la l’art de vivre japonais de l’Ukiyo : « se laisser dériver comme une calebasse sur la rivière ». Nous faisons partie d’une ville (ou d’une époque, d’une famille, d’un groupe,…) et nous en sommes un peu en dehors aussi. Merci.

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  5. Ce matin j’écoutais la vidéo quand une jeune femme a sonné pour relever les compteurs. Elle m’a dit: J’aime bien ce que vous écoutez! Du coup nous avons découvert ce musicien ensemble, c’était sympa. Préférer le bruit du monde à celui des écouteurs, je comprends, en revanche contrairement à toi, je suis aux aguets de tout, et c’est parfois fatiguant. Mais les gens me parlent volontiers, ils doivent sentir que j’aime les écouter. Oh lala je ne fais que parler de moi, stop, et merci pour ce doux moment, Caroline.

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  6. Sharlen Phileas

    Ton texte me rappelle mon ancien appartement, à Paris, j’aimais m’installer à la fenêtre le soir et je regardais la vie tout en bas, en prenant des notes souvent (pas d’espionnage mais plus une envie de fixer certaines idées qui germaient). La hauteur me permettait d’observer tout en rêvant sans entendre les conversations des gens (ce dont je ne suis pas fan non plus). Je m’amusais aussi beaucoup à leur imaginer des conversations alambiquées, sans queue ni tête =)

    Voila ce soir tu me fais me souvenir et c’est agréable, merci =)

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  7. oh j’avais loup’é cet article………….que c’est bon, en fait, de pouvoir découvrir encore un petit bout de toi, de ton chez toi, quand on croyait avoir tout lu……….sourire lumineux comme ce jour-là…..

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