Mécaniques d’un été qui s’achève

L’air est beaucoup plus froid qu’hier. J’ai enroulé mon écharpe contre mon cou en regrettant de ne pas avoir mis un chandail de plus et j’ai accéléré le pas. Quand j’ai ouvert la porte du bistrot, le vent m’a carrément projetée à l’intérieur. Le vieux serveur m’a souri et a déposé un café devant moi avant même que je le demande. Ce n’est pourtant que la troisième fois que je viens ici.

– Le même sandwich?
– Oui, merci.

Il a souri en me voyant froncer les sourcils.

J’ai tiré vers moi le journal qui traînait sur le comptoir et je l’ai feuilleté de façon mécanique, sans le lire. J’ignore facilement les nouvelles. Elles me laissent trop souvent un goût amer dans la bouche.

– Vous allez le manger ici ou je vous l’emballe?
– Je vais l’emporter, merci. Avec un autre café, s’il vous plaît.

J’ai refermé le journal et je l’ai regardé préparer la chose. Ses gestes étaient mécaniques, mais ça ne les rendait pas moins beaux. Sa chemise blanche roulée aux coudes, je pouvais voir ses avant-bras et ses poignets aux os saillants. Avec au bout, ses doigts fins qui bougeaient habilement, sans urgence.

Il a fait le tour du comptoir, m’a tendu le sac et le gobelet de carton, et m’a accompagnée jusqu’à la porte pour me l’ouvrir. Et pour que je n’aie pas à me battre contre le vent.

Ça commence bien la journée, c’est le moins qu’on puisse dire.


Photo : TROIS FEMMES ET UNE VILLE – Septembre 2017

7 réponses à Mécaniques d’un été qui s’achève

  1. gilles l.

    Je me suis demandé l’autre jour pourquoi le civisme et la délicatesse avaient une influence aussi bénéfique sur mon humeur. Peut-être est-ce dû à la rareté?

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  2. Green Norden

    Chez nous aussi, l’air est beaucoup plus froid que hier… On a ressorti les gros pulls et on se sert dans la cuisine au lieu de gambader dans la pelouse… Il semblerait que le vent rapproche les gens ?

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