Moi qui aime l’eau froide à m’en geler la peau,
j’ai beau jouer d’un bois de fer sur un piano de mer,
vos violons de bastringue n’en sonnent pas moins faux.
J’ai monté des bouts de ferraille et des chevaux de pierre.
Et sur le corps du temps qui tue tatoué une rivière.
Les jours où des morceaux de moi sont mêlés à la rouille,
il m’arrive d’y voir le loup qui boit à l’encre claire,
les pattes dans la boue.

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Allons, allons dans l’encre claire
de l’eau froide qui coule sur nos nuits,
nous nous baignerons au clair de terre,
quand le sommet de l’île luit.
Nous irons sur le cheval de fer
jouer des morceaux de rouille :
une mélodie ou d’autres airs
que les violons de bastringue brouillent
peut-être franchirons nous le détroit
où sommeillent les épaves
qui se dressent tout droit
sur leurs étraves.
Nous aborderons sur une bande
de sable où les menhirs se lamentent
en bordure de la lande,
là où commence la pente
Nous laisserons le cheval au garage,
rangerons la mélodie d’émoi
pour nous abriter de l’orage
et nous trouver un toit
Un phare dans un ciel de suie
lance quelques éclairs
aux extrêmes du pays,
à l’océan de pierres
M’ accompagneras tu dans cet avenir
où l’eau froide coule sur nos nuits?
Il nous faudra encore partir
dès la première éclaircie
Toujours plus loin, plus au nord
là où les montagnes noires
se fondent avec un ciel d’aurore
et où nous retrouverons l’espoir…
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Merci, René. D’ainsi rebondir sur la note.
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